Lorsque l’on évoque le STB Le Havre version 2012/2013, le nom de Bernard King vient de suite à l’esprit tant le All-Star effectue une saison solide. Dans l’ombre de l’Américain, un autre joueur réalise, journée après journée, des prestations de très bonne facture, en l’occurrence l’ailier-fort roumain Vlad Moldoveanu. En l’espace d’une dizaine de matchs, il a réussi à devenir l’une des pierres angulaires du dispositif d’Éric Bartecheky, jouant un rôle essentiel au début de saison plutôt réussi des siens.
Ce grand poste 4 pour la Pro A (2,06 m) est un joli coup réalisé par le staff havrais puisqu’il sort d’une saison encourageante avec le Benetton Trévise (8,2 points et 2,8 rebonds en EuroCup) pour sa première expérience professionnelle.
Il avoue d’ailleurs apprécier le changement de ville, comme il l’a confié à Johan Colle : « J’aime la ville car c’est une grande ville, cela me change de Trévise où je jouais l’an dernier qui fait la moitié du Havre. J’ai déjà visité Deauville, Etretat et bien sûr les plages du débarquement car ma femme est américaine. »
Formé en partie aux Etats-Unis, cet ancien coéquipier de Darryl Monroe au sein de l’université de George Mason brille tout d’abord par son adresse extérieure, qui en fait une menace de tout premier choix (38,3 % de réussite à trois-points avec déjà 55 tentatives longue distance). Cette caractéristique est similaire à celle de son prédécesseur Brian Boddicker et permet de laisser libre la raquette aux véritables postes 5 (Bangaly Fofana et Graham Brown) dans la peinture. Son âme de shooteur lui permet de rarement laisser le doute s’immiscer et le Roumain n’hésite pas à artiller les défenses adverses (11,5 tirs pris par match, dont 6,1 de loin). Il n’est pas d’ailleurs pas satisfait pour l’instant de son efficacité aux tirs : « J’ai des choses à améliorer, car mon pourcentage d’adresse est assez frustrant pour le moment. »
Plus de responsabilités, plus de productivité
Cette prise de risque fait partie intégrante du jeu de l’un des leaders de sa sélection nationale mais il n’est pas pour autant un joueur unidimensionnel. Moldoveanu a en effet la capacité de driver vers le cercle en partant de l’extérieur avec une grosse capacité à shooter en mouvement. Sa palette technique lui permet également de jouer au poste, même s’il semble légèrement moins à l’aise que dans son jardin, en périphérie. Pas frileux pour autant, l’ailier fort n’hésite pas à imposer son long physique lorsqu’il s’agit d’aller à la pêche aux rebonds (5,7 en moyenne). Des qualités qui lui permettent d’être à l’aise au sein d’un championnat français qui se distingue pour lui du championnat italien, plus orienté vers les shooteurs purs : « En Italie, tous les joueurs peuvent tirer, que ce soit du poste 1 au poste 5, car il y a beaucoup de joueurs serbes, croates donc ces joueurs dans leur culture peuvent tirer de partout, en France c’est totalement différent. En revanche ici, les meneurs sont beaucoup beaucoup plus rapide. »
Le joueur ne fait donc pas énormément de bruit mais marque son territoire du fait d’une régularité diabolique. Lors des 9 premières rencontres, il n’est jamais passé en dessous de la barre des 10 points, compensant sa relative maladresse par une adresse incroyable aux lancers-francs (20/21 convertis depuis le début de la saison). De même, sans pour autant affoler les compteurs (meilleure évaluation de 22 lors de la première journée à Boulazac), l’ancien scoreur d’American University n’a jamais vécu de gros trou d’air à l’heure actuelle puisque sa rencontre la moins aboutie fut conclue avec une évaluation de 8.
A seulement 24 ans, le joueur du Havre est en passe de devenir un joueur référence en France s’il confirme les très bonnes dispositions découvertes sur le premier tiers de la saison. Il doit néanmoins être vigilant à ne pas être trop pénaliser par les fautes, lui qui est le quatrième joueur du championnat le plus sanctionné par le corps arbitral (3,67 par match). Si Vlad Moldoveanu gomme à l’avenir ce type de problèmes, le shooteur des Balkans devrait attirer l’attention sur lui encore davantage dans une équipe qui ne fait pas partie des plus médiatisées de la Pro A.
Article de Boris Delagnes. Propos recueillis par Johan Colle.