Voici notre 3e édition du MVP ranking de Pro B. Un classement toujours autant dominé par les intérieurs de trois des plus grosses écuries du championnat. Il n’y a pas de secret…
1 (=)– Jeremiah Wood (Évreux, 2e ex-æquo avec 14v – 5d) : 18,6 points à 64,4%, 10,1 rebonds, 3,9 passes, 1,3 interception et 2,2 balles perdues pour 25,6 d’évaluation en 34 minutes.
On commence à être à court de superlatifs. Ses 25 points, 12 rebonds et 2 passes du week-end dernier à Saint-Quentin nous paraissent maintenant presque banals tant Jeremiah Wood survole la Pro B depuis maintenant un an et demi.
Meilleure évaluation – et de loin ! – du championnat en ce moment, le pivot de l’ALM mène tout droit son club vers une saison exceptionnelle. Déjà auteur de 11 double-double cette année (35 en 55 matches depuis son arrivée en Normandie), le natif d’Akron impressionne tous les observateurs. Avec également un triple-double au compteur, peu de joueurs de Pro B peuvent se vanter de posséder sa polyvalence. MVP de la 17e journée, son duo avec Clevin Hannah fait des merveilles. Et quand on rajoute le méconnu Drake Reed, on obtient rien de plus que le meilleur trio étranger du championnat. Un trio dont Jeremiah Wood est la tête de gondole.
Il est simplement dommage que le pivot américain soit passé une fois au travers cette saison. C’est très peu direz-vous, mais c’était à Pau. Face à Charles Jackson, le Normand n’a pas existé (8 points à 4/11, 7 rebonds pour 7 d’évaluation) et l’ALM s’est incliné d’un point. Une petite unité qui fait cruellement défaut aujourd’hui au classement, puisque le groupe de Rémy Valin ne pointe qu’à une seule longueur du leader béarnais. Alors rendez-vous le 22 mars à Jean-Fourré pour la revanche… L’occasion pour Jeremiah Wood d’asseoir définitivement sa suprématie sur la Pro B. Avant d’envoyer Évreux en Pro A en juin ?
2 (+2)– Tim Blue (Antibes, 4e ex-æquo avec 13v – 6d) : 20,3 points à 56,8% (43,5 % à 3 points), 7,8 rebonds, 3,4 passes, 0,9 interception et 2,5 balles perdues pour 23,3 d’évaluation en 34 minutes.
Sur la période, Tim Blue est sans doute le joueur étranger qui a fournit les plus grosses performances. Depuis la 12e journée, l’intérieur américain des Sharks semble en effet marcher sur l’eau (26,1 d’évaluation) toujours grâce à un gros apport au scoring (21,4 points) mais avec des pourcentages en hausse (59% aux tirs dont 50% à 3 points) et une belle activité collective (8,0 rebonds, 4,1 passes, 1,5 contre).
Du coup, aucun match sous les 18 d’évaluation, et deux pointes à 38 et 39 ! Malgré cela, n’oublions pas que le MVP du mois de décembre force parfois ses tirs, comme cela a été le cas lors des trois défaites antiboises depuis notre dernier ranking. Contre Pau, Fos et dernièrement Châlons-Reims, il a en effet connu quelques déchets dans sa sélection de shoots ou dans sa gestion du ballon (3,3 ballons perdus) et cela a coûté cher. Mais vu les chiffres, c’est dire si le reste du temps on ne peut rien lui reprocher tant il porte ses coéquipiers dans chaque succès. C’est donc sans doute dans ce domaine que se situe sa marge de progression pour obtenir un rendement proche de la perfection (!) et ainsi guider les siens vers la remontée directe.
Showman, shooteur et disposant d’un très large palette de moves aussi bien dos au panier que face au cercle, Blue a en tout cas le niveau de la Pro A, et c’est maintenant une certitude.
3 (-1)– CJ Jackson (Pau-Orthez, 1er avec 15v – 4d) : 14,7 points à 64,8%, 8,7 rebonds, 1,3 passe, 1,6 interception et 2,8 balles perdues pour 20,2 d’évaluation en 30 minutes.
Si son compatriote Blue paraît un peu trop gourmand, on peut difficilement faire le même contast concernant le numéro 6 béarnais. Le crédo de Charles Jackson, c’est presque de choisir ses matchs, tant il semble parfois ne pas vouloir forcer. Pas aussi utilisé que son homologue antibois (27 minutes depuis la 12e journée), il est capable de se montrer très discret et cela s’avère souvent mauvais signe pour son équipe (6,0 d’éval en 20 minutes dans les deux défaites paloises de la période).
Mais quand l’Américain décide de se mettre en marche, attention les yeux ! Avec 4 matchs sur les 5 victoires béarnaise à plus de 20 d’évaluation, on voit toute l’importance du pivot dans le dispositif de Claude Bergeaud. Et plus encore quand on regarde plus en détails les matchs concernés : les deux chocs contre Evreux (13 points, 9 rebonds, 3 passes, 3 contres) et Antibes (18 points, 11 rebonds, 3 contres), la visite chez une équipe de Rouen en grande forme (17 points, 11 rebonds, 4 passes, 2 contres) et un déplacement piège à Charleville (21 points, 4 rebonds, 5 interceptions). A chaque fois, meilleur évaluation de son équipe, et grâce à lui, toujours la place de leader pour Pau. Là encore, Jackson ne dépareillerait pas à l’étage supérieur, et l’Elan compte bien sur son pivot américain pour l’emmener jusqu’à la terre promise.
4 (NC)– Clevin Hannah (Evreux, 2e ex-æquo avec 14v – 5d) : 16,6 points à 52,0% (47,5 % à 3 points), 2,7 rebonds, 4,8 passes, 1,9 interception et 2,9 balles perdues pour 17,6 d’évaluation en 33 minutes.
Le flair de Rémy Valin a encore repéré une pépite ! C’est peu dire que Clevin Hannah fait bonne impression depuis son arrivée en Normandie. Meilleur meneur du championnat, l’Américain est un artisan fondamental de l’excellente saison de l’ALM Évreux.
En rodage sur les trois premières journées, l’ancien joueur de Kauhajoki réalise pourtant une saison de MVP. Alors qu’il n’est jamais descendu sous les 14 d’évaluation après coup (19,2 d’évaluation depuis la 4e journée), l’Ebroïcien a sorti de nombreux matches de haute volée ces dernières semaines (26 d’évaluation contre Lille le 7 décembre, 8 passes contre Denain le 21 décembre, 23 points à Toulon le 11 janvier). Parfaitement intégré humainement dans le groupe de l’ALM, il reste encore toutefois capable de perdre les pédales, comme lors de ce fameux dernier quart-temps à Bourg le 15 décembre où il a shooté à tort et à travers, en oubliant de faire jouer ses partenaires. Une erreur bien vite réparé le week-end suivant avec ses 8 assists face à l’ASCDV. Une preuve indéniable de la qualité du bonhomme.
Excellent shooteur (52% et 47,5% à trois points, quatrième de Pro B), Clevin Hannah est aussi capable d’imposer une pression d’envergure sur son vis-à-vis (1,9 interception, encore quatrième de Pro B). Mais Rémy Valin reste encore mesuré sur son meneur. Alors on attend la suite…
5 (NC)–Anthony Hilliard (Antibes, 4e ex-æquo avec 13v – 6d) : 18,2 points à 50,4% (37,7 % à 3 points), 4,8 rebonds, 3,4 passes, 0,9 interception et 1,8 balle perdue pour 18,5 d’évaluation en 32 minutes.
A l’image de son compère Blue, Anthony Hilliard est l’un des principaux acteurs de la grosse saison réalisée par les Sharks. Après une entame en fanfare (37 d’évaluation face au Portel !), il avait cependant connu des matchs plus compliqués jusqu’à la 7e journée (9,8 points à 37%, 4,6 rebonds, 2,8 passes). Mais depuis, c’est peu dire que l’arrière américain domine la quasi-totalité de ses adversaires directs : 9 rencontres sur les 13 dernières journées au dessus des 20 d’évaluation et seulement 2 petits matchs en dessous des 10.
Valeureux combattant à Pau (26 points et 6 rebonds), exceptionnel face à Denain (27 points à 12/13, 4 rebonds, 4 passes) puis Nantes (33 points à 11/18, 5 rebonds et 4 passes), le numéro 15 antibois est le leader extérieur de l’effectif d’Alain Weisz. Monté sur ressort mais également capable de scorer avec régularité derrière la ligne majorée, l’Américain est un poison pour les défenses adverses. Même si ces derniers temps il semble plus en difficulté (13,0 points à 35%, 3,0 rebonds et 1,0 passe), Hilliard reste un danger offensif à surveiller comme le lait sur le feu, tant il est capable de se créer son tir et d’aller provoquer les défenses (presque 4 fautes provoquées par rencontre). C’est donc aussi en partie grâce à la menace qu’il représente que Tim Blue est aussi performant, et c’est bien là l’équation très difficile à résoudre proposée par les Sharks cette saison.
6 (-1)– Wilbert Brown (Aix-Maurienne, 7e ex-æquo avec 10v – 9d) : 23,4 points à 47% (29,1 % à 3 points), 6,8 rebonds, 1,3 passe, 1,8 interception et 2,1 balles perdues pour 21,1 d’évaluation en 35 minutes.
Toujours un cas épineux que ce Cliff Brown. Meilleur marqueur du championnat avec ses 23,4 points de moyenne, le Savoyard brille par sa formidable palette offensive. En plus, il revient en grande forme avec 29,7 points à 55% sur les trois derniers matches et un titre de MVP de la 19e journée. Mais il y aura toujours un mais…
Très gourmand, l’ailier américain prend près de 18 tirs par match (!), record absolu en Pro B. Si ses grandes qualités d’attaquant l’incitent évidemment à prendre autant ses responsabilités, cela peut parfois se faire à tort et à travers, comme après la blessure d’Erroyl Bing. Trop dispendieux pendant un bon mois (30/85), ce fils d’un militaire de l’US Force a toutefois retrouvé la mire depuis. Ce qui n’a pas empêché l’AMSB de sombrer au classement (7 défaites sur les 10 derniers matches).
Alors qu’il peut être aussi brillant (37 points à 14/20 à Saint-Vallier le 19 janvier) qu’agaçant (24 points à 7/22 à Boulogne le 22 décembre), Wilbert Brown va devoir maintenant remettre l’équipe savoyarde sur les bons rails. Capable de shooter à mi-distance, d’aller percuter, l’Aixois est d’une activité inégalée en Pro B. A lui d’en faire bonne usage.
7 (NC)– O’Darien Bassett (Rouen, 7e ex-æquo avec 10v – 9d) : 16,9 points à 50,2% (41,5 % à 3 points), 5,4 rebonds, 4,7 passes, 0,6 interception et 2,3 balles perdues pour 18,7 d’évaluation en 30 minutes.
Déjà le grand favori pour le titre de MIP à l’issue de la saison ! Bon sans être exceptionnel à Clermont-Ferrand (12,9 d’évaluation) puis à Bordeaux (11,7 d’évaluation), O’Darien Bassett explose véritablement cette saison avec le SPO puisqu’il affiche dorénavant 18,7 d’évaluation.
Possédant probablement la plus grande pointe de vitesse du championnat, l’Américain est capable de faire la différence, sans forcer, quand il le souhaite. La marque des grands joueurs. Dixième meilleur marqueur de Pro B, le Normand assume souvent ses responsabilités avec succès dans le money-time. A tel point que Rouen est maintenant l’équipe en forme de la ligue avec 4 victoires consécutives. Après une passe difficile, le SPO s’est bien replacé dans la course aux playoffs. O’Darien Bassett n’y est pas pour rien…
Laurent Sciarra se demandait en début de saison comment ce joueur si talentueux ne pouvait pas être en Pro A. S’il a tendance à trop garder la gonfle, le natif de Carrollton lui donne de plus en plus raison. Véritable all-around player, le revoir en Pro B la saison prochaine serait surprenant.
8 (-2)– Brian Boddicker (Pau-Orthez, 1er avec 15v – 4d) : 16,6 points à 54,7% (41,7 % à 3 points), 4,9 rebonds, 2,3 passes, 1,1 interception et 2,5 balles perdues pour 16,9 d’évaluation en 31 minutes.
Pour le coup, on ne regarde finalement pas que les statistiques quand on doit analyser un joueur de la trempe de Brian Boddicker. Quand on connaît un peu le joueur, on sait qu’il saura frapper quand il le faut sur la défense adverse pour la faire couler, et ne voudra pas forcément forcer son talent s’il ne sait pas trouver la faille. Et force est de reconnaître qu’en ce moment l’Américain se situe dans une zone de turbulence (12,6 d’évaluation) depuis notre dernier ranking où il affichait des chiffres beaucoup plus ronflants (19,1 points à 56,7% (45,6 % à 3 points), 4,7 rebonds, 2,5 passes, 1,5 interception et 2,3 balles perdues pour 20 d’évaluation en 31 minutes). Alors quoi, cramé l’ancien chalonnais ?
On répondra aisément par la négative, tant la sérénité dégagée, l’expérience, la science du jeu et le sérieux dont l’intérieur shooteur fait preuve sont autant de gages de solidité pour les Palois. Après tout, sur cette période, l’ancien joueur du Havre reste appliqué (50% aux tirs) malgré une réussite plus faible derrière la ligne (32%), et participe activement dans les autres compartiments du jeu (5,1 rebonds dont une pointe à 10 contre Châlons-Reims, 2,1 passes). A l’image de son coéquipier Charles Jackson, Boddicker cherche avant tout à rester dans le collectif, et ne veut pas trop gâcher si la situation n’est pas propice à une performance de sa part. C’est le propre des grandes équipes, et des grands joueurs. Pau est premier, et Boddicker attend son heure, ce qui ne fait que confirmer l’adage.
9 (-2)– Sherman Gay (Le Portel, 4e ex-æquo avec 13v – 6d) : 16,3 points à 63,9%, 6,3 rebonds, 0,9 passe, 0,7 interception, 1,7 contre et 1,9 balle perdue pour 19,3 d’évaluation en 31 minutes.
Blue, Wood, Hannah, Hilliard, Jackson, Boddicker : tous sont sous les feux de la rampe, grâce à la renommée des grosses écuries dans lesquelles ils évoluent. Mais s’il y en a bien un qui travaille dans l’ombre sans demander son dû, c’est Sherman Gay.
Après 3 saisons très réussies à Fos, où il était l’idole de tout un peuple, l’intérieur jamaïcain connaît à nouveau au Portel la lutte pour le haut de tableau. Mais encore une fois au sein d’un « petit marché »… Mais cela n’en est pas pour autant un désavantage, puisque les hommes d’Eric Girard sont à la lutte pour la montée, à deux victoires de Pau, et disposent d’un public nombreux et solidaire qui soutient son équipe en toute circonstance. Des conditions idéales, donc, pour que Gay continue à dominer la Pro B en tout discrétion, sans que les spectateurs extérieurs s’aperçoivent vraiment de toute l’importance et la qualité du bonhomme.
Ne jamais rien forcer (63,9% malgré plus de 10 tirs tentés par match, moins de deux ballons perdus en plus de 30 minutes de jeu) et savoir attendre son heure sont les crédos de cet intérieur bondissant (1,53 dunks par match, 1er de Pro B) et dissuasif (1,7 contres, 2e de la division cette fois-ci). Alors, son dernier match face à son ancienne équipe (3 d’évaluation en 23 minutes) montre juste le caractère très humain de Gay, qui avait tout dévasté sur son passage les 3 journées précédant la rencontre (22,3 points à 63%, 7,0 rebonds et 1,7 contre en 33 minutes). Et qui continuera probablement à le faire.
10 (NC)– Moses Sonko (Bourg, 7e ex-æquo avec 10v – 9d) : 15,9 points à 47%, 6,3 rebonds, 1,8 passe, 1,8 interception et 1,4 balle perdue pour 17,4 d’évaluation en 28 minutes.
L’homme en forme du moment ! Gravement blessé au genou la saison dernière, Moses Sonko a eu besoin de temps pour se remettre dans le rythme. Longtemps très en dessous de ses possibilités (12,8 points à 40% et 5,4 rebonds pour 12,3 d’évaluation entre la 2e et la 13e journée), le Gambien récupère depuis peu à peu sa place dans le cercle des meilleurs joueurs de Pro B.
Mis en confiance lors de la 14e journée par un dernier quart-temps exceptionnel contre Évreux où il scora 15 points afin de renverser l’ALM, l’ancien joueur d’Aix-Maurienne enchaîne depuis les performances extrêmement convaincantes (19,7 points à 56%, 6,5 rebonds, 1,7 passe pour 22,7 d’évaluation). Auteur du meilleur match de sa saison samedi dernier contre Bordeaux (30 points à 13/18, 7 rebonds, 4 interceptions pour 35 d’évaluation), il reste assez peu utilisé par Frédéric Sarre qui lui octroie 28 minutes par match. Le plus petit temps de jeu des membres de ce Top 10.
Toujours agressif, généreux dans l’effort, Moses Sonko ne ménage pas sa peine pour son club. Présentant un ratio interceptions / balles perdues remarquable (1,8 / 1,4), l’ancien joueur de Coastal Carolina sera maintenant jugé sur sa capacité à ramener Bourg vers les sommets. Cette JL qui n’a jamais perdu quand le Gambien a dépassé la barre des 20 points…
Les précédents rankings :
- MVP Ranking des étrangers de Pro B n°1 : La révélation McKines
- MVP Ranking des étrangers de Pro B n°2 : Wood, le retour du patron
Par Benjamin Bonneau et Alexandre Lacoste