Il est l’excellente surprise du championnat jusque-là. Arrivé tout droit de NM1, Julien Lesieu (2,01 m, 29 ans) est maintenant l’un des favoris pour le titre de MVP français. Dauphin de Mouhammadou Jaiteh aux points (15,18), rebonds (9,23) et à l’évaluation (18,06), le pivot du SQBB réalise une magnifique saison pour l’instant. De belles performances qui pourraient lui ouvrir les portes de l’élite ? En fin de contrat à Saint-Quentin, l’ancien joueur de Gravelines ne s’interdit pas d’aller voir plus haut.
Pour l’instant, cette saison est une belle réussite pour toi ?
Jusque-là, c’est vrai que c’est pas mal. On est bien partis pour accrocher le maintien, l’objectif du club et, du point de vue individuel, c’est pareil, car je me sens vraiment bien. Pour l’instant, c’est tout bénéfique donc c’est intéressant.
Tu t’attendais à être aussi performant dès cette saison ?
Je le savais un peu car j’avais travaillé en amont dès cet été. Je me disais qu’il fallait que je bosse avant la saison et c’est ce que j’ai fait. Je pensais que je pouvais faire quelque chose. Je ne vais pas dire que je m’attendais à être à ce niveau mais c’est certain que je suis très satisfait de mon début de saison, qui est plutôt pas mal.
Maintenant, ça va peut-être être dur de maintenir ce rythme car les défenses adverses vont plus te cibler ?
C’est déjà un peu le cas. J’ai un peu moins d’espaces qu’au début de saison donc je pense que les équipes s’adaptent. C’est une forme de respect aussi. Quand les équipes et les coachs adverses mettent en place une défense spécifique ou qu’on voit que ça resserre plus, c’est quelque part gratifiant car ça prouve qu’on est un bon joueur. C’est un peu plus dur du coup (rires) mais ça veut dire qu’ils ont remarqué mon début de saison donc c’est plutôt bien.
Et puis surtout, tu joues aussi dans une équipe qui tourne bien (ndlr : interview réalisée avant les défaites de Boulogne et Fos) ?
Oui, voilà, c’est vrai qu’on est pour l’instant dans ce qu’on voulait faire. L’objectif fixé, c’était le maintien et je pense qu’il va être acquis. Entre nous, les joueurs, on s’est dit qu’on voulait aller en playoffs donc on va tout faire pour accrocher le Top 8.
En étant un promu avec de la stabilité et un public bouillant, vous aviez tout pour être la surprise du championnat ?
C’est clair. Maintenant, on a fait aussi une bonne série à l’extérieur en allant gagner à Antibes, Évreux… Des matchs pas facile. Quand les équipes ont vu ça, elles ont eu un peu peur de nous et c’est intéressant pour nous car on n’est plus le petit promu mais une équipe qui a vraiment sa place dans la division. On a prouvé que Saint-Quentin méritait largement d’être en Pro B.
Personnellement, ça fait 4 ans que tu es à Saint-Quentin. Tu as trouvé un club où tu t’épanouis ?
Je me sens bien ici, c’est sûr. Avant, mon objectif était de monter avec un club. Le projet de Saint-Quentin m’a plu mais j’avais raté au bout de mes deux premières années de contrat cette montée. Donc si j’étais parti en 2011, c’était un constat d’échec. C’est pour ça que j’ai prolongé pour deux saisons, pour essayer d’enfin remonter et de jouer en Pro B. C’est ce qu’on a fait. J’arrive au terme de mon contrat et je pense que mes objectifs ont plutôt été remplis.
« Que du bonheur si je suis MVP »
Gagner le titre au printemps dernier après 7 saisons de NM1, c’était un bel aboutissement pour toi ?
En effet, surtout qu’à chaque fois j’étais dans des équipes qui ambitionnaient la montée ou la remontée : Angers, Saint-Quentin… Là, d’avoir décroché le titre avec le SQBB, ce qui était à la fois mon objectif individuel et celui du club, c’était parfait.
Tu sens vraiment des différences de niveau entre NM1 et Pro B ?
Oui, il y a des grosses différences. Déjà, c’est plus physique. Sans dénigrer la NM1, ça joue mieux au basket en Pro B, il y a plus d’espaces pour s’exprimer. C’est différent, il faut s’adapter et je pense que je l’ai plutôt bien fait. C’est un niveau qui me plaît et où je me sens bien.
Pour revenir à Saint-Quentin, vous avez un vrai atout avec votre public, reconnu comme l’un des plus chauds de France…
Faire salle comble à tous les matchs à domicile, c’est clair que c’est un plus. Avoir des supporters comme ça et toute la ville qui nous suit, c’est bien. On sent vraiment une ferveur autour du basket à Saint-Quentin. C’est super. Il y a trois groupes de supporters, c’est énorme ! Ils nous suivent en déplacement. C’est vrai que c’est juste génial de jouer dans une ambiance aussi chaude, ça nous donne encore plus l’envie de faire de bonnes choses car on sait qu’on est suivis.
Avec Mouhammadou Jaiteh, tu es maintenant le favori pour le titre de MVP français. C’est devenu un objectif pour toi ?
Au début de saison, je voulais être parmi les meilleurs Français. Au final, être à ce niveau-là est gratifiant. Après, je ne me pose pas la question d’être MVP ou pas. Si je le suis, tant mieux, car ça voudra dire que je continuerais sur le même rythme pendant la deuxième partie de saison. Mon objectif est de gagner le plus de matchs possibles mais, s’il y a ce titre-là, ce ne sera que du bonheur.
« La Pro A serait l’aboutissement d’une carrière »
Avec Jaiteh, vous êtes un peu des exceptions en Pro B car la grande majorité des équipes confient leur poste de pivot titulaire à un Américain…
Voilà. C’est ça qui fait plaisir aussi car, chaque week-end ou presque, c’est un pivot Américain en face. C’est gratifiant de pouvoir s’exprimer comme ça, car beaucoup de Français en sont capables. C’est bien pour le basket français d’avoir des JFL qui font de bonnes choses.
Tu arrives donc en fin de contrat au SQBB. Tu ambitionnes de jouer en Pro A l’an prochain ?
Honnêtement, je suis d’abord tourné vers la fin de saison à Saint-Quentin pour essayer d’accrocher les playoffs. Après, je ne sais pas. C’est clair que j’ambitionne le plus haut niveau. Ce serait l’aboutissement d’une carrière. Le rêve de tout basketteur est de jouer au plus haut niveau possible. J’étudierai toutes les opportunités qui s’offriront à moi et je ferai un choix sportif. En attendant, je veux jouer les playoffs avec Saint-Quentin et on verra ce qui arrivera par la suite.
Saint-Quentin s’est déjà positionné pour te garder…
Pour l’instant, on va dire qu’il y a eu des petits souhaits pour me conserver. Mais, comme je l’ai dit, je n’ai pas resigné, je suis encore ouvert à toute proposition. Je ne sais pas encore où je serai l’année prochaine.
En attendant, Saint-Quentin a déposé un dossier de wild-card pour la Pro A. Tu en penses quoi ?
C’est bien mais, vu les dossiers des autres clubs, ce sera dur. Ils ont des grosses salles, des gros budgets, il y aussi des clubs reconnus en Pro A. Je pense donc que ce sera difficile de l’avoir.
Tu as été formé à Gravelines-Dunkerque. Quel regard tu portes sur le BCM aujourd’hui ?
Je suis toujours le club. Comme l’an dernier, ils font encore une belle saison. Ils ont décroché le record LNB du meilleur bilan en saison régulière l’an dernier. Ils essayent toujours de faire mieux chaque année et ils restent en haut du classement. Pour moi, Gravelines est l’une des meilleures équipes de Pro A. Si ce n’est la meilleure…
Et ils ont un bon centre de formation, avec beaucoup de jeunes en Pro B actuellement ?
Voilà ! Il y en a pas mal à Boulogne en ce moment, ce qui prouve que le centre de formation de Gravelines est plutôt bien fourni donc c’est bien. Les jeunes boulonnais arrivent à faire de belles saisons au SOMB. J’ai beaucoup appris au BCM, je pense que c’est vraiment un bon centre de formation.
Et si tu pouvais y revenir pour boucler la boucle, ce serait parfait ?
(rires) Ah ben ça, c’est clair !
Pour finir, tu aurais un message pour les supporters du SQBB ?
Juste de continuer à venir nombreux. Mais de toute façon, je sais qu’ils sont tout le temps là, quoi qu’il arrive. Qu’ils continuent à être comme ils sont et ce sera parfait.