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ITW Olivier Bourgain : « Mam’ Jaiteh a réinventé le basket »

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Germain Castano et Olivier Bourgain (photo : Jean-Philippe Carlier)

Actuellement cinquième du championnat de Pro B et qualifié pour la demi-finale de Coupe de France, Boulogne-sur-Mer réalise une année en tout point exceptionnelle. À l’aube du sprint final, Olivier Bourgain, le manager général du club somiste, a fait le point avec nous sur le parcours du SOMB mais apporte aussi son regard sur le basket en général, lui le nouveau consultant basket de Sport+.

Que pensez-vous de la saison que réalise votre club ?

Elle est excellente, mais n’est pas finie puisqu’elle peut même devenir historique. Nous sommes bien partis pour faire les playoffs et, à partir du moment où tu fais les playoffs, tu es forcément invité à rêver, surtout si tu finis dans les quatre premiers. L’objectif aujourd’hui il est là, finir dans le top 4 pour recevoir durant les playoffs en cas de belle. Je pense que Pau et Évreux vont finir aux deux premières places, mais après, entre Châlons-Reims, Le Portel et nous, il y a deux fauteuils pour trois.

Pour ce qui est de notre parcours en Coupe de France, c’est déjà un exploit au niveau national ce qu’on réalise. Être en demi-finale c’est en soit déjà exceptionnel, mais là ce n’est pas grâce à des tirages au sort heureux car, mis à part Cergy Pontoise (club de NM2, NDLR) au premier tour, derrière on a battu que des clubs de Pro A (successivement Nancy, Cholet et Strasbourg). Maintenant, à un match de Bercy, cela devient sérieux.

Le SOMB dans les vestiaires après la victoire contre Strasbourg (photo : Jean-Philippe Carlier)

Vous attendiez-vous à une telle saison ?

Je m’attendais à une année rafraîchissante. J’aime ce mot parce que l’équipe qui a été formée est faite de jeunes joueurs et de les voir au quotidien s’investir, s’inscrire dans un projet et s’améliorer au fil des entraînements et des matchs, c’est génial. Nous sommes un peu comme le Centre Fédéral : on dit toujours qu’il faut les jouer tout de suite sinon au mois de mars, avril, ils ont progressé les gamins. Nous avons une telle marge de progression avec nos jeunes que l’équipe du SOMB de fin mars est véritablement plus forte que celle de fin septembre et j’espère que, fin mai, elle sera encore meilleure. On ne connaît pas notre limite.

Parlez-nous justement de vos jeunes JFL qui réalisent une super saison cette année.

Mickaël Var (photo : Jean-Philippe Carlier)

Déjà, il faut savoir que ce sont des joueurs ayant déjà un pédigrée. Valentin Bigote dominait déjà le championnat Espoir. Cette année, il nous fait une saison correcte, hormis ces dernières semaines où il revient d’une blessure qui l’a freiné dans sa progression, mais je suis très content de sa progression. Il lui reste beaucoup de choses à travailler, notamment sa défense, mais c’est un joueur talentueux, instinctif qui doit encore durcir son jeu.
Mickaël Var est un joueur que j’ai eu en équipe de France. Je le connais donc bien et je crois en lui. Je savais que ce potentiel était prêt à exploser d’un moment à un autre. Il fallait lui donner l’opportunité de le faire. De plus, c’est un régal tant sur le plan humain que sur le terrain. C’est un énorme défenseur et il a une vraie main, il peut shooter. Un potentiel de très haut niveau.
Abdoulaye Loum est arrivé en milieu de saison d’où sa difficulté à rentrer dans le collectif. C’est un joueur doté de qualités athlétiques de Pro A. Maintenant, il faut que le puzzle mental se mette en place et quand il aura fixé tout ça, il pourra évoluer en Pro A voire plus haut.
Quant à Jonathan Rousselle, il a réussi à force de travail et d’intelligence à passer d’un statut d’espoir français au statut de meilleur joueur français aux postes 1 et 2 de Pro B. Il a une belle carrière devant lui et il doit regagner l’élite du basket français dès l’année prochaine.

Que dire sur le phénomène Mam’ Jaiteh ?

Mam’ Jaiteh, un physique hors normes mais un vrai basketteur (photo : Jean-Philippe Carlier)

C’est un illusionniste ! Je pense qu’il a réinventé le basket. On attend d’un jeune joueur noir de 2m08 de l’explosivité, de la vitesse, de la détente, mais lui, il est à l’opposé de ça. Son jeu est fait de finesse, de feinte, de fondamentaux et surtout il sent les coups. Il pue le basket et tout ça à 18 ans. Il est déjà tellement abouti pour son âge que l’on se demande où il va s’arrêter. C’est une énigme ce joueur pour moi et si les scouts viennent aussi souvent, c’est que pour eux aussi, c’est une énigme. C’est un énorme joueur, c’est sûr, mais prévoir où il en sera dans les prochaines années, c’est difficile. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne sera plus en Pro B et qu’il sera vraisemblablement un jour en NBA.

Quelques mots sur votre collaboration depuis maintenant trois ans avec Germain Castano et Fabien Anthonioz (l’entraîneur et son assistant)  ?

Germain Castano, Fabien Anthonioz et Olivier Bourgain après la victoire contre Strasbourg (photo : Jean-Philippe Carlier)

On parle basket ensemble, c’est une vraie équipe. Moi, je suis le GM du club, mon but est de former les équipes et tout ça en collaboration avec eux. Jamais je n’imposerai un joueur. On a une vision du basket et du développement qui est similaire. Germain a su tirer le meilleur des joueurs et leur donner cette liberté d’action, tout en leur pardonnant de leurs erreurs, de leur donner une confiance exacerbée. Mon travail ne serait rien sans un coach qui bride les joueurs. Par ailleurs, nous partageons la même philosophie de vie et de basket.

Que pensez-vous de ce championnat de Pro B ?

C’est un championnat proche de la Pro A en termes de qualité physique. Il n’y a pas cette profondeur de banc pour les équipes de Pro B, cela joue à sept/huit joueurs tandis qu’en Pro A, on utilise neuf/dix joueurs. Le jeu Pro A est beaucoup plus sous contrôle avec des petits scores. Selon moi, la Pro B est plus agréable à regarder. La plupart des équipes de Pro B ont des joueurs en leur sein qui pourraient jouer en Pro A. Le talent, il y en a partout, la différence est juste dans la densité, la longueur de banc.

Quelle est l’équipe qui vous impressionne le plus cette saison ?

Châlons-Reims est une équipe qui nous a fait déjouer défensivement. La défense a pris le pas sur notre attaque et très peu d’équipes ont réussi à faire ça cette saison. Je les ai trouvé durs, un vrai bloc défensif qui fut pour nous difficile à percer. Évreux a en son sein un joueur qui est vraiment au-dessus du lot avec Jeremiah Wood. J’attends de voir cette équipe-là avec un blessé ou deux, voir comment ils réagiraient. Pau possède lui le plus bel effectif en qualité de rotation. Je pense que les playoffs vont être ouverts et incroyablement relevés cette année, cela va être un feu d’artifice de basket.

Selon vous, le basket français est-il vraiment en retard par rapport aux autres clubs européens ?

Boulogne-sur-Mer prit dans l’étau du CCRB (photo : Jean-Philippe Carlier)

Il y a une grosse différence, mais je me refuse à dire qu’elle est uniquement due à des raisons financières. Évidemment qu’il y a une différence de budget, mais nous on a bien battu Strasbourg avec 6 millions de budget ! Le problème est que l’on n’arrive pas à garder nos jeunes joueurs, à avoir un attrait pour eux. Que l’on n’arrive pas à garder Parker, Turiaf, Mahinmi ok, mais que l’on arrive pas à garder Westermann, Lauvergne ou Causeur, c’est vraiment un problème. C’est un problème d’identification parce que ce ne sont pas des joueurs qui partent pour l’argent. Ce n’est pas parce qu’on a droit à cinq Américains qu’on doit prendre cinq Américains. On a des très bons jeunes qui peuvent jouer, on doit être capable d’en sortir beaucoup plus et de les laisser s’exprimer. Le problème est que l’on a un règlement de cinq Américains qui fait que du coup les joueurs français sont devenus chers parce que c’est une denrée qui est obligatoire. C’est la philosophie qui doit être changée, pas les règlements.

Que pensez-vous des wild-cards ?

C’est une chose que je peux entendre si elle est réservée à des équipes qui ont des structures, qui ont eu un mouvement politique favorable pour construire une salle. Pour une ville dont la structure a largement dépassé le sportif, je peux l’entendre et même l’encourager, mais que ça soit utilisé comme joker en cas de descente des bastions de Pro A, cela devient beaucoup plus dangereux et beaucoup plus permissif. Si tel était le cas, cela ouvrirait la porte à des dérives incontrôlables et incontrôlées.

Depuis quelques mois, vous avez entamé une collaboration régulière avec Sport+. Pourquoi et en quoi consiste-t-elle réellement ?

C’est David Cozette, le rédacteur en chef de Sport+, qui m’a directement contacté. C’était un coup de fil heureux pour moi, car c’est très plaisant à faire. J’ai un rôle de consultant, je dois apporter une aide technique à un match de basket et essayer de faire partager le plaisir que l’on a à être là, de faire transpirer cet amour que l’on a pour le basket, sans se prendre au sérieux, mais en étant le plus professionnel possible. Mais on doit aussi expliquer le basket aux novices, on doit être capable de parler à un panel de personnes très large. J’en suis aujourd’hui à mon huitième match et cela me plaît énormément, je prends un pied d’Enfer avec ça.


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