Quantcast
Channel: Catch & Shoot est le site sur l'actu basket en France et en Europe » Livenews
Viewing all articles
Browse latest Browse all 11631

ITW Drake Reed : « Accrocher une bannière de champion au plafond de la salle »

$
0
0

Hormis une saison en Australie et un court passage en Autriche, Drake Reed a effectué l’intégralité de sa carrière professionnelle à Évreux. Arrivé en Normandie en 2010, le natif de Chesterfield est devenu au fil des mois l’un des hommes de base du système de Rémy Valin.

À l’aube de disputer un sprint final haletant avec l’Élan Béarnais, l’ailier de l’ALM nous a accordé un long entretien où il évoque avec passion son parcours à Évreux, sa carrière et sa vie en France.

Avec votre victoire contre Bourg-en-Bresse et la défaite de Pau-Orthez, vous êtes désormais co-leaders de Pro B. Tu imaginais connaître une telle saison au mois de septembre ?

Oui, nous l’imaginions assez tôt, dès la pré-saison, quand chacun de nous est revenu à Évreux. Notre équipe est très jeune et nous nous sommes considérablement améliorés au cours de l’été. Rémy (Valin, le coach) nous avait dit que nous avions l’opportunité de faire quelque chose de spécial cette année.

Comment le groupe a-t-il vécu la blessure de Jeremiah Wood (lire ici) ?

Honnêtement, quand nous avons appris la nouvelle, personne n’a rien dit, chacun de nous avait juste un regard sur son visage qui nous disait qu’il nous faudrait accélérer la cadence. Évidemment, perdre votre MVP peut être un fardeau, mais nous avions bien réagi jusqu’ici. Le leadership de Wood nous porte toujours, son énergie est toujours présente dans le vestiaire et sur le bord du terrain.

« Wood nous a porté toute la saison »

Malgré sa blessure, mérite-t-il selon toi le titre de MVP de la saison régulière ?

Bien sûr. À quelle place serait toute équipe sans son meilleur scoreur et rebondeur ? Au bout du compte, ce sera aux électeurs de décider, mais s’opposer à ce que Wood gagne le titre de MVP parce qu’il a manqué 5 matchs, n’est pas juste au vu de ce qu’il a fait sa saison. Il a porté l’ALM sur son dos toute la saison, il a dominé tous ses adversaires à son poste et il a montré de la régularité. Le gars a pris 18 rebonds sur une jambe ! Il a fait un triple-double cette saison en jouant au poste de pivot, et obtient régulièrement une évaluation supérieure à 30 dans un match. Même s’il n’est pas nommé MVP à la fin de la saison, les joueurs savent qui il est.

Qu’est-ce que tu penses de son pigiste médical Brandon Hunter ?

J’ai entendu parler de lui mais je n’en sais pas beaucoup à son sujet.

Photo : Seb-G

Lors du match contre Pau, beaucoup de joueurs adverses s’étaient moqués de toi car tu n’avais pas joué la dernière action. Qu’aimerais-tu leur répondre ?

Sur le moment, j’étais seulement concentré sur la victoire. Que se serait-il passé si j’avais pris le shoot et que Pau avait récupéré le ballon et mis un 3 points ou obtenu une faute pour égaliser ou gagner le match ? La même chose est arrivée à Pau lors du match aller, nous étions en train de les battre et ils ont obtenu une faute pour tirer des lancers-francs, et ont gagné le match.

Cette saison, tu scores un peu moins que la saison dernière, mais tu délivres plus de passes décisives. As-tu observé un changement dans ton jeu ?

Je ne regarde pas beaucoup mes statistiques mais, oui, il y a eu un ajustement dans mon jeu de telle façon que je prenne moins de shoots étant donné que j’ai toujours été un scoreur. Mais c’est un petit prix à payer pour gagner un championnat.

Comment abordes-tu les prochaines échéances en championnat ?

Nous devons juste nous concentrer sur le prochain match, et ne pas s’inquiéter des futurs matches et des autres équipes. Chaque équipe de Pro B est capable de battre n’importe qui, donc tout le monde doit être pris au sérieux. Nous devons être particulièrement concentrés et bloquer toutes les pensées extérieures à ce stade de la compétition. Pour gagner un championnat, tout ce qui importe, c’est ce que les gens pensent dans le vestiaire.

« Lahaou Konaté en NCAA, il pourrait être au premier tour de draft »

Peux-tu revenir pour nous sur tes quatre saisons en NCAA ?

Mes années en NCAA ont été formidables. J’ai été recruté comme un guard (arrière, ndlr) mais j’ai dû jouer à d’autres postes par nécessité pour mon équipe, pour avoir une plus grande chance de gagner. Nous avons gagné deux championnats de conférence, et nous avons perdu au buzzer, alors que nous aurions pu gagner un troisième championnat consécutif. J’ai gagné tous les prix, j’ai été 3 fois dans le premier cinq de l’Ohio Valley Conference (OVC), une fois joueur de l’année de l’OVC, une fois dans l’Associated Press All-American et j’ai inscrit 2000 points. Nous avons joué trois fois la post-season du Tournoi NCAA, NIT et le tournoi CollegeInsider.com. Jouer pour Dave Loos (son entraîneur à l’Université, ndlr) a été une grande chose pour ma carrière pro parce qu’il m’a appris à défendre à un niveau élevé, il a transformé des scoreurs en stoppeurs comme Trenton Hassell, un ancien joueur d’Austin Peay. Hassell était connu comme un scoreur en NCAA, mais il est devenu un grand défenseur en NBA. Il était important pour moi de mélanger mes capacités offensives avec un entraîneur défensif dans l’esprit de Dave Loos. Ces outils précieux ont permis à notre équipe de rivaliser face à des joueurs comme Lester Hudson, Kenneth Faried et Kevin Murphy, qui étaient d’énormes joueurs dans d’autres conférences. Après, avoir joué au poste avec Loos, et guard en high school, m’a vraiment apporté dans ma carrière pro de façon à pouvoir évoluer et dépanner à tous les postes.

Quelles sont les différences entre le championnat français et les autres dans lesquels tu as évolué (Australie, Autriche) ?

La principale différence entre le championnat français et les autres championnat où j’ai joué est que les équipes françaises construisent sur leurs intérieurs et ne s’appuient pas uniquement sur un joueur. Il n’y a pas beaucoup de guards qui ont la liberté de causer des dégâts pour les équipes adverses. Peu d’équipes font jouer leurs joueurs 35 minutes ou plus comme le font beaucoup d’équipes aux États-Unis ou dans d’autres ligues. Mais cette tactique marche au cours d’une longue saison, car une équipe avec 10 bons joueurs recueille plus de victoires qu’une équipe avec 4 ou 5 bons joueurs qui jouent le match en entier.

« Rémy et moi avons traversé ensemble beaucoup de choses »

Quelle est ta relation avec ton entraîneur Rémy Valin ?

Rémy et moi avons une très bonne relation. Nous avons traversé ensemble beaucoup de choses, de bons comme de mauvais moments. Quand je suis arrivé à Évreux, nous étions tous les deux dans le même cas, deux jeunes hommes qui tentaient de se faire un nom, et chaque année nous avons grandi en mieux avec l’aide des autres. J’ai apprécié que Rémy me maintienne sa confiance lorsque j’ai eu ma blessure la première saison et qu’il me permette de passer du poste 4 à mes postes naturels – le 3 et le 2 – ces deux dernières saisons. Il était prêt à me donner une chance que la plupart des coachs et GMS ne m’auraient pas donné. Je suis vraiment béni d’avoir Rémy en tant qu’entraîneur.

Que penses-tu des différents jeunes joueurs français de l’équipe ?

Photo : Seb-G

Wow, c’est tout ce que je peux dire. Ces gars-là peuvent être vraiment spéciaux parfois. Si Lahaou Konate était en NCAA aux États-Unis, il aurait le potentiel pour être drafté au premier tour en NBA. Je pense aux gars contre qui j’ai joué en NCAA et avec la bonne situation, il serait dans la même lignée que la plupart des meilleurs joueurs NCAA. Une fois qu’une équipe lui donnera la possibilité de démarrer les matches, il pourra dominer le championnat. J’espère qu’il aura plus de liberté dans son jeu à l’avenir. Lamine Sambe est également un autre jeune joueur avec un avenir radieux, c’est un vrai compétiteur, il veut toujours faire mieux, il est toujours en train de travailler sur son jeu et cherche à faire des matches pleins. Il est un défenseur très tenace et un très bon shooteur à mi-distance. Garry Florimont est aussi bon en tant que personne qu’en tant que joueur. Il s’est transformé en un professionnel très solide grâce à un travail acharné. Il est soit dans la salle de musculation, soit en train de tirer dans la salle, sa confiance s’améliore de match en match et il est désormais une force sur laquelle on peut compter. Il est capable de faire 15 points et 10 rebonds dans un match de Pro B. Steeve Ho You Fat… Wow, il saute… seulement comme les kangourous peuvent rêver de le faire. Steeve a pris une éthique de travail et a réfléchi sur de nombreux points depuis que je l’ai rencontré. Il en faut beaucoup pour un joueur pour rebondir après une mauvaise saison, surtout pour un jeune joueur. Mais il a travaillé sur son corps cet été est revenu avec un esprit revanchard. Cela en dit long sur son caractère. Il s’est avéré être une option fiable pour nous cette saison. Il est destiné à une bonne carrière.

Quel est ton meilleur souvenir en Pro B ?

Mon meilleur souvenir fut lorsque tous mes coéquipiers me rendirent visite et m’appelèrent après que j’eus une commotion cérébrale lors de ma première saison. Des gars comme Philippe Da Silva, Teddy Mazeroi, Ludovic Chelle, Daviin Davis, Benoit Toffin, Calvin Watson et Karim Dahak. Cela voulait vraiment dire beaucoup pour moi. Étant loin de chez moi, j’étais heureux de savoir qu’il y avait de bonnes personnes autour de moi. C’est à ce moment-là que j’ai compris que je pouvais vivre à l’étranger pendant une longue période.

« La vie française est une grande expérience pour un jeune homme »

Qu’est-ce que tu penses de la vie et de la culture française ?

(Il hésite) Par où puis-je commencer ? La vie française est amusante mais parfois un peu folle. J’aime aller regarder différents sites à chaque fois que j’ai une pause, découvrir de nouveaux plats et aller dans des parcs à thèmes. J’ai été étonné de voir comment les gens respectent toutes les œuvres d’art dans chaque musée et château que j’ai visité, et de voir que personne ne touche à aucun des objets et des statues en or. Le fois gras est excellent, j’adore ça ! La nourriture française est de loin la meilleure que j’ai jamais eue, j’ai vraiment du mal à manger certaines choses aux USA maintenant, parce que je peux voir la différence et ce n’est pas terrible. Je souhaite toujours suivre un réel cours de français pour être plus à l’aise dans la langue, car j’en connais désormais assez pour m’en sortir et je ressens chaque amélioration dans mon discours comme une grande victoire (rires). Il y a quelques jours, j’ai donné des instructions en français à quelqu’un dans ma voiture et je me suis senti comme dans une grosse affaire (rires). Mais, honnêtement, la vie française est une grande expérience pour un jeune homme, j’ai tellement appris en parlant avec mes coéquipiers de leur vie par rapport à la vie américaine, tant sur ​​les différentes religions que sur les croyances. Quand on vient des États-Unis, la plupart des gens ont peur de voyager loin de leur ville natale. Mais quand je suis arrivé en Europe, j’ai vu qu’il y avait plein d’enfants qui voyageaient sur ​​tout le continent et qui parlaient 3 ou 4 langues sans aucun problème. J’ai beaucoup pensé à ce que j’avais besoin pour intensifier mon jeu. Comme tous les Américains, nous avons parfois beaucoup de préjugés sur l’éducation des pays, les religions, l’armée, les modes de vie. Mais voyager en France et dans d’autres pays m’a ouvert les yeux et m’a donné beaucoup de réponses à propos de qui je suis en tant que personne et du potentiel que je n’ai pas encore utilisé. La seule chose que je ne comprends pas à propos de la France et que je ne comprendrai jamais, c’est pourquoi les gens marchent au milieu de la rue sans regarder s’il y a une voiture qui passe. Je vois tous les jours des gens être à deux doigts de se faire écraser par des voitures parce qu’ils ne regardent pas dans les deux sens.

Photo : Alain Mainot

As-tu toujours la NBA dans un coin de ta tête ?

Oui, j’y pense tous les jours. Chaque été, je rentre chez moi et je domine des joueurs NBA pendant tout l’été, et je me demande si je vais avoir une chance. Ce qui m’a le plus desservi c’est que j’ai joué poste 4 en NCAA et, pour ma taille, ce n’était pas ce qu’ils recherchaient. Je me sentais mal parce que j’avais tout sacrifié pour mon équipe et les systèmes de jeu. J’ai joué intérieur au lieu de jouer à ma position naturelle afin que nous puissions gagner des championnats, mais à la fin je n’ai pas eu de grande opportunité.  J’avais très bien joué en tant qu’arrière dans une séance d’entraînement avec les Atlanta Hawks en sortant de NCAA, mais ils ne m’ont pas pris. Certaines équipes m’ont dit d’aller à l’étranger quelques années et de jouer aux postes 2 et 3 et que l’on verrait plus tard.

Comptes-tu faire les Summer League NBA cet été ?

Je travaille et prie pour qu’une porte s’ouvre pour moi. Mon agent travaille dur pour moi, donc nous allons voir ce qui se passe. J’ai remarqué que beaucoup d’anciens rivaux de la conférence jouaient dans les Summer League et je suis prêt pour avoir la chance de voir où j’en suis.

Quels sont tes projets pour l’année prochaine ? Tu pourrais rester à Évreux ?

Pour le moment, je suis totalement concentré pour gagner le championnat pour mon coach, mes coéquipiers, le club et la ville d’Évreux. Ces personnes étaient avec moi dès le premier jour où j’ai enfilé le maillot d’entraînement. C’est important d’amener cette équipe en Pro A et d’accrocher une bannière de champion au plafond de la salle. Lors de ma première saison, nous aurions pu être dans la même situation si je n’avais pas été blessé. C’est une bénédiction pour moi d’être dans le même club pour rembourser ma dette.

Peux-tu nous parler de ton camp de basket ?

Mon camp est un camp de basket gratuit pour les garçons et filles de 6 à 14 ans.  Il a lieu dans la ville de Clarksville, Tennessee où j’ai terminé le High school et le College. J’ai décidé de faire ce camp pour redonner à la communauté ce qui m’a permis de devenir l’homme que je suis aujourd’hui. Nous avons apporté la plupart des talents de la région pour travailler dans le camp, des joueurs NBA, des joueurs étrangers, des joueurs de la division 1 NCAA, des entraîneurs et des talents locaux de High school pour travailler avec les futurs talents de notre communauté. Nous comprenons qu’il faut une communauté pour élever des enfants et des visages visibles dans notre communauté, nous avons obtenu avec les médias locaux et des hommes d’affaire de faire un effort pour donner à nos jeunes une autre voie vers le succès grâce au basket.

Pour finir, as-tu un mot pour les supporteurs d’Évreux ?

Rejoignez-nous pour le sprint final. (En français) Allez Évreux !

Photo : Alain Mainot


Viewing all articles
Browse latest Browse all 11631

Trending Articles