Présent mardi soir au Rhénus Sport, pour le choc au sommet entre Strasbourg et Gravelines-Dunkerque, Alain Béral, le président de la Ligue Nationale de Basket a profité de son déplacement en Alsace pour faire le point, dans un entretien accordé aux Dernières Nouvelles d’Alsace, sur le contexte économique du basket français. Une nouvelle redistribution des droits TV, qui favoriserait les meilleurs clubs de Pro A, est en cours de réflexion. Pour permettre d’exister en Coupe d’Europe.
« Auparavant, la Ligue redistribuait les revenus de façon mathématique aux clubs, par division, quelles que soient leurs positions avec peut-être un peu plus pour les clubs champions, et encore. J’ai proposé de faire différemment et de distribuer sur dossier de professionnalisation, avec des critères que l’on retrouve dans le dossier des invitations, comme la gouvernance, les structures, l’accueil des VIP. Les clubs devront acquérir des licences – trois possibles – et selon le niveau de la labellisation qu’ils obtiendront, ils auront plus ou moins d’argent de la Ligue, ou pas d’argent du tout.
Les clubs qui seront en haut de tableau à la fin de la saison, le champion et le vice-champion, toucheront aussi plus d’argent qu’avant pour permettre de passer à l’étage supérieur avec moins de douleur et permettre de se structurer, parce qu’il en reste toujours quelque chose. (…) Les clubs, et les collectivités, qui ne connaissent pas ça ont du mal à imaginer les exigences du niveau au-dessus. Tout comme les clubs de Pro B ont du mal à se douter de la hauteur de la marche. C’est important qu’il y ait cette exigence de la professionnalisation de la part de la Ligue. Tout le monde y sera gagnant et surtout le public. »
Le président de la Ligue confie également ses doutes et ses craintes sur la fin prochaine du modèle économique actuel du basket professionnel français. En raison notamment d’un désengagement (progressif) probable des collectivités locales, dans le contexte de crise que connaît aujourd’hui la France.
« La Ligue française est aujourd’hui l’une des dernières en Europe à être délégataire d’une Fédération. Les autres sont autonomes et libres et si elles veulent inviter tous leurs clubs et fermer, elles peuvent le faire. Je ne dis pas que c’est ce qu’il faut faire, je dis que c’est une situation. Le modèle du basket français des clubs nous amène à des budgets de plus en plus identiques, entre 4 et 5,5 millions d’euros grosse modo, ce qui fait que le championnat est tellement compact. Ce modèle, résistant, repose à 33% sur les collectivités, à 33% sur le sponsoring et à 33% sur les recettes. Or, je crains qu’il ne soit mis à mal, très vite.
Le gouvernement a mis en place une commission, qui rendra ses conclusions en juillet, sur l’investissement des collectivités dans le sport professionnel, sous-entendu « comment peut-on faire pour tout arrêter ? », « comment peut-on faire pour ne plus investir dans les salles et faire en sorte que ce soit les investisseurs privés ? » (…) S’il se passe ces choses-là, qui sont mal connues puisque le gouvernement a décidé de travailler par décrets, et que l’on reste dans le modèle actuel, on sera très malade. On aura toutes les contraintes et aucune possibilité de s’ouvrir à autre chose. »
L’intégralité de cet entretien est à retrouver dans les DNA.