Arrivé en France l’été dernier avec un CV long comme le bras, Panagiotis Giannakis apprend peu à peu à apprivoiser la Pro A et le basket français dans son ensemble. Le technicien grec a vite fait une constatation lapidaire : le basket français est trop replié sur lui-même. C’est ce qu’il a livré à RMC au cours d’une interview passionnante :
« Pour moi, ce qui est un petit peu surprenant, c’est que je ne sais pas s’ils lisent beaucoup les nouvelles idées du basket. Il faut comprendre que nous faisons partie du monde. Le basket, le sport plus généralement, est globalisé. Le basket n’est ni français, ni grec, ni serbe, ni américain, ni russe, ni espagnol. Le basket est mondial. Vous pouvez voir beaucoup de choses dans le monde et c’est bien si vous pouvez faire coopérer les différentes idées. Vous devez les respecter. Et voir si vous pouvez prendre quelque chose. Dans ma vie, j’essaye d’avoir l’esprit ouvert pour voir tout ce qui se passe dans le basket. [Le basket français est-il trop replié sur lui-même ?] Ça y ressemble. Pour le moment, en tout cas. Mais je pense qu’ensemble, on va essayer de changer ça. »
Avant de recevoir Poitiers, Panagiotis Giannakis est également revenu sur le début de saison de ses troupes. Plus généralement, l’entraîneur de Limoges explique sa méthode et son effet sur ses joueurs :
« Je suis toujours inquiet. Si vous ne vous inquiétez pas, vous ne vous améliorez pas. Mais vous devez savoir que travailler dur et avoir confiance vous donneront, à la fin, des résultats. Forcément, quand de nouvelles choses arrivent, il faut du temps pour qu’elles deviennent des habitudes. Et quand la culture et la mentalité sont différentes, vous avez besoin parfois de plus de temps. Nous sommes venus ici (avec Nikos Linardos, son assistant) pour construire une équipe européenne, pas seulement pour jouer en Pro A. Ça demande du temps. Dans un premier temps, on se bat contre nous-mêmes. Les joueurs apprennent à jouer différemment et essayent de jouer différemment. Ils veulent travailler en ce sens et pour moi, c’est bien. Même si on a fait quelques erreurs jusqu’à présent que nous devons corriger. [...] J’essaye d’expliquer [ma méthode aux joueurs] clairement et très souvent. Je peux le faire à chaque entraînement, même pendant les matchs. On analyse les matchs en vidéos, aussi, pour qu’ils voient comment de bons professionnels réagissent. Je sais que ça va être difficile. Jusqu’à présent, je ne peux rien reprocher aux joueurs parce qu’ils essayent. Ils ne sont pas encore arrivés au niveau que nous souhaitons. C’est logique. La différence entre un professionnel et un bon professionnel, c’est la capacité à connaître plusieurs scénarios. Un bon professionnel peut avoir plusieurs scénarios pour jouer, tirer, défendre. J’essaye de leur apprendre ces différents scénarios pour faire d’eux de meilleurs professionnels. »