Après avoir été formé à Chalon-sur-Saône puis être passé par Roanne, Philippe Braud (1,94 m, 27 ans) s’est lancé un nouveau défi en rejoignant le projet ambitieux de Bourg-en-Bresse sous les ordres de Frédéric Sarre. Après un début de saison en demi teinte, son équipe s’est bien repris avant la trêve mais affiche un bilan tout juste équilibré, en dessous des espérances. Il revient avec nous sur cette première moitié de saison et sur le futur à court terme…
Par rapport à votre début de saison peut-on considérer que tu es insatisfait ?
Oui, c’est sûr qu’on avait des attentes supérieures à nos résultats actuels. Après, on a joué de malchance avec les blessures mais on s’est bien rattrapé en fin d’année et j’espère que cela va continuer en 2013 (ndlr : interview réalisée avant la défaite 64-75 à Lille). C’est certain que le bilan est incomplet mais on n’est pas forcément insatisfait car on a montré de belles choses par moment. Il y a quand même des matchs où nous avons des regrets.
Mais surtout, l’effectif a été considérablement renouvelé. Ceci pourrait peut-être expliquer vos difficultés et laisser augurer du meilleur pour la suite ?
Oui, le début de saison peut s’expliquer par le fait que les dirigeants ont changé énormément de chose, à commencer par le coach. Le club sortait de deux saisons difficiles en n’ayant pas atteint les play-offs. Moi, j’arrive en ne connaissant pas du tout ce championnat, c’est plein de paramètres qui font que pour la mise en place d’un collectif demande du temps. Mais on voit que cela commence à prendre forme, et il va falloir être en réussite et bien se positionner en fin de saison pour les play-offs.
« On peut viser les six premières places »
L’objectif reste le même : les play-offs et la montée au bout ?
Il faut bien se positionner à la fin de la saison, le plus haut possible. Le championnat est très dense, on a pris du retard donc il ne faudra plus faire d’erreur pour voir jusqu’où on peut aller. Mais globalement, on peut viser les six premières places, cela serait bien. Plus haut serait encore mieux mais arriver en forme nous suffira. Après, ce sont des matches à la vie à la mort donc on peut aller loin. Si on peut monter cette année c’est bien, mais c’est un groupe construit sur la durée donc il faut être patient. C’est un objectif sur 2-3 ans.
Après avoir fait ton début de carrière en Pro A, tu arrives cette année dans l’antichambre, qu’en penses-tu ?
Je ne suis pas étonné du niveau car je ne suis pas arrivé en me disant que cela allait être facile. C’est différent sans l’être en fait, c’est physique. La Pro A est à mes yeux un championnat beaucoup plus structuré mais justement ce sentiment inverse en Pro B fait que c’est encore plus dur. Les joueurs sont imprévisibles, ça pousse la balle, ça va vite, ça défend dur donc c’est un championnat très dense.
Tout cela ne te fait donc pas regretter ton choix de venir ici ?
Non, non, pas du tout… C’est aussi un défi que je me suis lancé, de découvrir un nouveau championnat avec un projet ambitieux, avec un coach qui m’a convaincu. Je n’ai donc aucun regret.
Tu fais un bon début de saison, quel est le rôle que tu es venu chercher ici ? Plus de responsabilités ?
Oui, exactement car si tu regardes mes statistiques de l’an dernier, je dois être à environ 25 minutes de jeu de moyenne en Pro A. C’était donc plus une question de recherche de responsabilités que de temps de jeu. Pour ne plus me cacher derrière l’image du Français qui est sur le banc et qui attend de rentrer. Mais j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. Je ne progresse pas assez vite à mon goût. Je suis content de mon début de saison mais il y a encore des choses à améliorer.
« Il faut laisser les joueurs s’exprimer »
Tu as connu un coach hyper exigeant l’an dernier avec Luka Pavicevic. Tu retrouves cette saison un coach français avec Frédéric Sarre, qu’est ce qui change ?
Je dirais que Frédéric Sarre se rapproche plus de ce que j’ai connu avec Greg Beugnot par rapport au travail et aux exigences. En ce qui concerne Pavicevic, il était très rigoureux sur les détails. Cette année, c’est pareil mais on a quand même plus de liberté. On peut prendre le jeu à notre compte, on n’est pas obligé de tout contrôler.
Justement avec la méthode des entraineurs étrangers, les joueurs ont plus du mal à assimiler les consignes. On le voit aussi à Limoges avec Giannakis. Il y a moins de liberté, c’est plus cadré, ils veulent tout contrôler…
Oui, c’est pour cela que l’an passé, on a eu du mal au début. Ce que déplore notamment les joueurs français, c’est le manque de créativité. En Pro B, c’est plus déstructuré mais cela n’est pas péjoratif, c’est juste que le championnat demande plus d’instinct. Je trouve que c’est important de mettre une base sur le jeu collectif à la fois défensif et offensif, mais il faut aussi laisser le joueur s’exprimer.
Pour toi, y a-t-il une méthode meilleure que l’autre ?
C’est compliqué. Je ne pense pas être capable de juger si l’une ou l’autre méthode est la plus adaptée. Mais il faut que le jeu soit structuré : il ne faut pas non plus laisser trop de liberté mais avoir un certain contrôle aussi bien offensivement que défensivement. Il faut néanmoins responsabiliser les joueurs et les laisser avoir cet instinct, cette créativité pour qu’ils puissent s’exprimer. On ne peut pas tout contrôler chez les joueurs.
En fait pour te résumer il faut prendre un peu de chaque…
Mais les entraineurs français structurent également le jeu. Ils se basent sur les détails, c’est bien cadré, on a aussi des principes mais de la liberté. Pour moi, c’est donc plus cette méthode qui me convient. Mais on sait tous que les coachs comme Giannakis et Pavicevic ont des palmarès qui parlent pour eux. Ils ont eu des résultats donc on ne peut pas les critiquer. Mais des fois, les joueurs ont besoin de s’exprimer.
« J’ai du mal à étoffer mon jeu »
Concernant la montée, Bourg-en-Bresse a déposé une demande de wild-card. Vous avez été tenu au courant par la direction du club de cette démarche ? Qu’en penses-tu ?
Non, la direction ne nous a pas mis au courant car nous les joueurs, notre but est de se positionner le plus haut possible dans le classement et on n’est pas là pour attendre une wild-card ou quoi que ce soit. On veut prouver ce que l’on vaut sur le terrain tout simplement. Mais en signant ici, au vu du projet, de la structure, de la salle et de ce que représente le basket ici, je me doutais que le club se donnerait la possibilité de monter un dossier. Mais nous, les joueurs on veut la montée sur le terrain… On soutient quand même le projet comme toute la ville. Toutefois, c’est plus de l’administratif pour montrer que le public et les sponsors sont là. Ce qui est important, c’est le terrain. L’erreur serait de se dire que le projet est solide et qu’on croise les doigts pour monter comme cela. On ne serait alors pas des compétiteurs.
Comment te sens-tu ici dans la ville, dans le club ?
La ville ressemble beaucoup à Chalon et Roanne, ce ne sont pas des grandes villes mais c’est ce que j’aime bien. En plus, c’est à peu près la même région. Je me sens bien ici dans ce club avec un bon esprit famille.
D’ailleurs, tu as été revoir des matchs de tes anciennes équipes ?
Non, pas pour l’instant. Je garde quand même un lien très étroit avec Chalon en tant que club formateur. J’ai de la famille là-bas, j’y vais régulièrement, je m’entends bien avec les gens. J’ai de la sympathie pour la ville, le club. C’est pas par ambition ou pour aller chercher des choses, je garde simplement un lien affectif.
Justement par rapport à la Pro A et au fait de la densité à la lutte pour la première place, qu’en penses tu ?
Il faut en voir le positif d’avoir tant d’équipes à la première place. Je pense que cela ne s’est jamais vu. Cela ne sera jamais aussi serré. Qui aujourd’hui peut dire qui sera le champion de France ? Avec mon regard de spectateur, je trouve cela intéressant. Après cela peut aller très vite d’un coté comme de l’autre donc je pense que cela doit être compliqué à gérer.
Pour finir, peux-tu nous donner une résolution que tu as prises en cette nouvelle année ?
C’est de gagner plus de matchs avec Bourg et de commencer l’année comme on a terminé la précédente. Essayer sur le plan personnel de m’améliorer dans mon jeu et faire autre chose que ce que je sais faire, étoffer mon jeu mais j’ai du mal là-dessus.