Arrivé sur le tard à Limoges, Vasco Evtimov semblait être le joueur idéal pour renforcer une raquette limougeaude trop inexpérimentée au poste 5 avec la doublette Ty Walker - Fréjus Zerbo. Mais, 23 matches de Pro A plus tard, force est de constater que l’expérience est pour l’instant un échec. Le Franco-Bulgare n’a joué que 8 rencontres pour un total famélique de 41 minutes. Mais Opa s’efforce de rester positif et de tirer le meilleur de cette situation. Une philosophie qui pourrait porter ses fruits car l’ancien joueur de l’Asvel a été intégré dans le cinq de départ lors des deux dernières sorties du CSP.
Vasco, comment vas-tu au lendemain de cette défaite « encourageante » (ndlr : entretien réalisé mercredi soir) ?
Oui, c’est vrai, quand ce sont des matchs serrés comme cela, ça se joue sur des petits détails : un rebond, des lancers francs, des balles perdues… À la fin du match, ils ont mieux su gérer que nous. C’est pour cela qu’ils nous ont battus.
Tu as commencé titulaire ce match, ce qui fut une première pour toi cette saison… As-tu été surpris par ce choix du coach ?
Oui. Disons que j’ai quand même été surpris car d’habituden je ne jouais jamais. Et là, 5 minutes avant le match, l’assistant est venu me voir et m’a annoncé que j’allais commencer dans le 5 de départ. Je l’ai bien pris, comme un match normal, car ce n’est pas la première fois de ma carrière que je commence en tant que titulaire.
Ça a dû être en plus une fierté de jouer contre ton frère ?
Oui. Quand j’ai signé ici au début d’année, j’étais vraiment excité par le fait de jouer contre lui. La première fois, à Chalon le 22 décembre, je n’ai pas pu jouer en raison de ma blessure à ma jambe. Hier, j’étais content de faire ce duel contre lui car pour moi, jouer contre Ilian, c’est vraiment spécial.
Tu n’as joué que 8 minutes sur ce match, tu t’attendais à jouer si peu cette saison ?
Non. Tu sais, quand j’ai signé, je m’attendais à jouer au moins 15 minutes par match. Si j’avais su que mon temps de jeu serait si réduit que ça je ne serais peut-être pas venu (rires).
À ta signature, tu as discuté avec le coach sur ton temps de jeu ?
Non, non, pas du tout… On n’a pas parlé de ça, car tu sais c’est difficile pour un entraîneur de te promettre que tu vas jouer tant. Il ne peut le faire à aucun joueur, cela ne se passe pas comme ça. Dans ma carrière, aucun coach ne m’a promis « tu joueras 20 minutes, 30 minutes ou bien 5 minutes ».
Comment vis-tu cette situation ? Tu en parles avec le coach ?
Franchement, on en a pas parlé de ma situation, du tout. Une ou deux fois, on a discuté, il m’a expliqué qu’il voulait m’utiliser à certains moments des matchs. Il préfère que je joue 5 minutes en touchant trois ballons, plutôt que je reste 15 minutes pour seulement deux actions. C’est sa philosophie, elle est comme ça. Si tu prends mes matchs au début de l’année, à chaque fois que je rentrais, il me donnait des ballons pour que je puisse jouer dans la raquette dos au panier. Il veut que ses joueurs soient productifs en peu de temps plutôt que d’avoir des joueurs moins performants sur un temps plus long. C’est pour cela qu’on voit beaucoup de rotations dans notre équipe, avec peu de joueurs avec un gros temps de jeu. On fait des changements, il fait ça avec tout le monde…
« J’aimerais bien rester en France »
On parle d’une méthode assez dure imposée par Giannakis. Tu as déjà connu cela ? C’est si dur que ça ?
Oui, c’est dur. J’avais déjà connu cela auparavant avec des coachs comme Perasović, ce sont des entraîneurs croates ou yougoslaves et ce n’était pas facile non plus. Ce sont, comme on dit, des old school, et on s’entraîne également très dur. Giannakis fait partie de ce type de coach, il aime bien quand on s’entraîne, et la qualité des entraînements. On s’entraîne parfois deux fois par jour mais quand c’est une seule fois, ce sont des séances de plus de 2h30. En ce moment, avec l’enchaînement des matchs, on ne fait qu’un entraînement, afin de récupérer, et puis certains joueurs sont blessés. En ce moment je t’avoue que c’est un peu moins dur.
Quel est la relation avec tes coéquipiers ?
La relation est très bonne, je me sens très bien dans l’équipe. Le seul truc c’est que je ne joue pas beaucoup, c’est la seule chose dont je suis déçu. On rigole bien tous ensemble, parfois je leur donne des conseils car je suis le plus âgé, je m’entends très bien avec eux. Avec Jo Gomis, je suis le plus expérimenté, je suis son ainé d’une année donc il est second (rires) et c’est le capitaine donc voilà.
Regrettes-tu ton choix de venir ici ?
Non, non, sincèrement pas du tout. Si au début de l’année le coach m’avait dit que je serais si peu utilisé, peut-être que j’aurai dû changer de club. Maintenant c’est trop tard, je veux finir la saison ici. Quand j’aurai ma chance sur certains matchs je me donnerai à fond. Au basket, on apprend toujours, et cette année j’ai appris quelque chose de différent car c’est la saison où j’ai le moins joué dans ma carrière. Il y a des années comme cela, on apprend et on continue à vivre.
Tu as eu des moments de doutes dans la saison ou tu t’es tout le temps concentré sur le club, l’équipe ?
Oui, je suis tout le temps resté concentré. Et puis, il y a une règle comme quoi si tu commences l’année dans un club de Pro A, tu ne peux pas changer pour une autre équipe dans la même division. Ma seule chance c’était d’aller en Pro B, cela m’a passé par l’esprit une ou deux fois mais rien de plus. Quand j’ai été blessé au mois de décembre, c’est là que c’était le plus dur. Mais là, depuis 2013, je n’ai loupé aucun entraînement.
« Très fier de porter le maillot du CSP »
Ta saison te donne la volonté de continuer de rebondir en France ?
J’aimerais bien rester en France… En ce moment, il y a des problèmes économiques un peu partout, mais ici on gagne peut-être un peu moins mais on est sûr d’être payé à la fin du mois. C’est la même chose en Allemagne et en Belgique également. Quand tu signes ton contrat, tu es sûr d’avoir ton argent… On a le temps encore, je dois me concentrer sur ma fin de saison ici. Après on verra, je discuterais avec mon agent de ce qui est le mieux pour moi. On peut aussi envisager la Pro B pour moi l’an prochain, je pense aussi à ça, c’est une éventualité.
Que penses-tu de votre saison, déçu ou vous êtes à votre place ?
Je ne sais pas trop. Depuis le début, l’objectif du club est le maintien. On a eu des hauts et des bas, on a gagné des matchs où on aurait dû perdre et on a perdu des rencontres qu’on aurait dû gagner. On a eu du mal au début à Beaublanc pour gagner, on a eu beaucoup de pression là-dessus. Mais une fois qu’on a eu la première victoire ça a été plus simple. On est une équipe qui a eu des hauts et des bas donc je pense qu’en ce moment on est treizième et, je te le répète, l’objectif du club est le maintien. Cette victoire à Poitiers est donc très importante, si on gagne ce sera très bien. Si jamais on perd on va être dans la difficulté et il va falloir gagner contre des équipes plus fortes que notre adversaire de vendredi. Il nous reste ensuite cinq matchs à l’extérieur pour seulement trois à domicile. La victoire à Poitiers est donc très importante pour le club.
Que penses-tu du club, de ses supporters ?
Je ne l’oublierai jamais dans ma carrière. Un club comme Limoges est vraiment spécial, les gens ici sont vraiment dans le basket, c’est comme dans leur sang. À chaque rencontre à domicile la salle est pleine, tu vois les gens debout, ça te donne envie de jouer dur et de mouiller le maillot pour l’équipe de Limoges. C’est un club avec beaucoup d’histoire et à mon avis le meilleur club en France, au niveau du passé notamment. Tu vois, quand je prendrais ma retraite, je serai très fier d’avoir porté le maillot du CSP.
Pour terminer, tu as un mot pour les supporters ?
On a les meilleurs supporters en France, qu’ils continuent de nous supporter même dans les bons et mauvais moments. Nous, les joueurs, on leur promet de se battre à chaque rencontre, de donner le maximum, et merci pour leur soutien.