Gamin il était de ceux qui passaient la balle à plus talentueux que lui. Pendant des années, Antoine Mantey a foulé les parquets aux quatre coins de la Suisse, en remportant des victoires, des titres, des victoires, des titres. Par la suite, il aurait pu être un basketteur parmi tant d’autres, noyé dans la masse, le genre de joueur dont on connait le numéro mais dont on a oublié son nom. C’est alors qu’il a eu l’intelligence de passer de l’autre coté de la ligne blanche et de devenir entraîneur. En étant au bord et non plus sur le terrain, il est enfin devenu quelqu’un. Débutant en bas de l’échelle, il a gravi un à un les échelons pour s’imposer aujourd’hui comme un des coachs les plus talentueux de sa génération.
Bonjour Antoine, pour commencer peux-tu nous faire une rapide présentation ?
Bonjour tout le monde, je m’appelle Antoine Mantey, j’ai 28 ans, je suis Franco-Suisse et coach professionnel de basket.
Quel est ton parcours ?
J’ai commencé à jouer au basket a l’âge de 8 ans en Suisse. J’y ai joué jusqu’à 20/21 ans. Comme joueur, j’ai gagné tous les titres possible dans mon pays. J’étais un joueur de banc donc ce n’était pas réellement grâce à moi que l’on gagnait mais plutôt grâce à la fratrie Sefolosha et à 5/6 joueurs qui les entouraient qui était dans mon équipe ! (rires)
J’ai très vite vu que je ne ferai jamais carrière comme joueur alors, grâce à mon coach de l’époque, j’ai compris qu’il fallait que je fasse entraîneur. J’ai pris une équipe de fille puis après quelques mois les U17 de mon club car le coach était démissionnaire et on a fini vice-champion de Suisse. C’étaient mes premières finales ! Une super expérience !
Puis, après quelque temps, j’ai eu la chance d’être assistant des pros pendant trois ans et, au cours de la troisième année, le coach est parti. Résultat, à 23 ans, on m’a confié l’équipe pendant quatre mois. Je suis donc rentré dans l’histoire du basket suisse en étant le plus jeune entraîneur de LNA (première division suisse). Mais avec le plus petit budget du championnat l’équipe est malheureusement descendue en LNB (deuxième division suisse).
Grosse déception et tristesse ! J’ai réfléchis tout l’été puis j’ai décidé de rejoindre le Sluc Nancy Basket pour passer mes diplômes français car j’avais comme but de mieux me former. Je suis resté un an en Lorraine avant de rejoindre Lyon pour passer mon BE1 (Brevet d’État premier degré), deux ans en formation à Gones & Sport Formation et responsable technique du BHUL club dans les alentours de Lyon.
Après avoir passé mon BE, j’avais l’objectif de partir aux États-Unis rejoindre Thabo Sefolosha pour l’entraîner et perfectionner mon anglais mais c’était l’année du lock-out et donc pas moyen de partir.
Je suis donc revenu en Suisse avec un poste d’assistant en LNA à Monthey où nous avons fini deuxième du championnat, finaliste de la coupe suisse, demi-finaliste des playoffs et demi-finaliste de la coupe de la ligue (équivalent de la Leaders Cup).
Cette année, je suis coach principal de Vevey Riviera Basket en LNB avec pour objectif de monter en LNA en deux ans.
Comment se passe ta saison avec le Vevey Riviera Basket ?
Ma saison se passe plutôt bien, nous sommes deuxième avec une équipe plutôt jeune. J’ai deux anciens joueurs de Pro A et Pro B (Domenico Marcario et Kgomotso Sefolosha). On travaille dur et on connaît les objectifs à court terme. Les jeunes progressent et je pense que le jeu proposé est spectaculaire et assez défensif à la fois, le public apprécie.
Selon toi quel est le niveau du basket suisse ?
Pour moi le niveau du basket suisse se situe pour les trois/quatre premiers du championnat milieu/fin de tableau de Pro A et haut de Pro B et pour les autre fin de Pro B et NM1.
En tant que Franco-Suisse, continues-tu de suivre la Pro A ? Et quel regard portes-tu sur le championnat ?
Je suis la Pro A, bien sûr. Pas autant que les matchs d’Euroleague, mais je trouve le niveau et le combat cette année super passionnant. Tout le monde peut battre tout le monde. Il y a plusieurs styles de basket dans ce championnat et je trouve super intéressant de comparer le jeu des différentes équipes. J’aime beaucoup Chalon et surtout Gregor Beugnot. Il est pour moi un exemple de réussite de continuité assez inouïe. Il fait son basket sans avoir peur de tenter des choses. J’adore ce coach ! J’espère d’ailleurs un jour pouvoir travailler avec lui.
Tu aimerais revenir coacher en France ?
Oui, c’est un défi que j’aimerais relever. Je suis un coach jeune mais avec déjà pas mal d’expérience, que ce soit en Suisse, en France, voire même aux États-Unis et en Belgique. J’ai eu l’opportunité de travailler et de voir comment certains coachs travaillent. J’ai donc pu faire un mix de tout cela et proposer un basket qui me correspond. J’espère avoir un jour la chance de pouvoir entraîner en France que ce soit NM1, Pro B ou Pro A. Je suis tout à fait conscient que cela va être difficile, mais j’ai bon espoir et je crois en moi. Je suis prêt à tout pour réussir. (rires)
Quelle est ta relation avec Thabo Sefolosha ?
Thabo est avant tout un ami d’enfance. Je le connais depuis plus de 15 ans. J’ai joué avec lui, j’ai traîné avec lui et j’ai fait les 400 coups avec lui et son frère Kgomotso. Il est parti à Chalon où j’allais lui rendre visite et on s’appelait de temps en temps, idem à Biella en Italie.
C’est lui qui m’a poussé à partir en France et qui me motivait avec son frère à continuer et à foncer sur mes objectifs.
Au début, les étés, il travaillait avec un entraîneur belge sur le tir puis il m’a proposé de l’accompagner et voir les entraînements pendant quelques années. Puis un jour il m’a senti prêt à pouvoir l’entraîner par moi même. Il m’a demandé si cela m’intéressait que je sois son entraîneur personnel pendant l’été, j’ai accepté car quand ton meilleur pote te demande de l’entraîner et qu’il met sa progression entre tes mains tu te dis que c’est plus qu’une question d’amitié mais de confiance. Donc la motivation et l’envie de le faire progresser est énorme.
Cela fait donc trois ans que je l’entraîne l’été. On a progressé ensemble et cet été sera très important pour son futur car il sera dans sa dernière année de contrat et il faudra donc qu’il prouve qu’il mérite un gros contrat. J’organise également son calendrier l’été en alternant entre entraînement et repos ainsi que tout ce qui est rencontre avec la presse et les journalistes.
Je lui rend aussi visite tous les ans. Pour les playoffs l’année dernière, j’ai eu la chance d’aller voir les « Finals », c’était un moment extraordinaire, entre les matchs et découvrir l’envers du décor c’était tout simplement incroyable.
Comment et où te vois-tu dans dix ans ?
Dans dix ans je ne sais pas. J’espère en Pro A (rires) ou dans un club européen. Sinon réussir à développer le basket suisse. J’aimerais à 50 ans coacher une équipe qui joue une coupe d’Europe, c’est vraiment un objectif et je ferai tout que cela se réalise.
En dehors du basket tu fais quoi ? Et as-tu des passions ?
En dehors du basket je regarde du basket (rires). Je fais aussi des montages vidéo. Sinon je sors me balader. Au niveau des passions il y a la musique, j’adore en écouter et pendant des années j’en ai fait. Maintenant, ce n’est plus vraiment compatible avec le basket donc je n’en fais plus. Sinon j’adore la bonne bouffe et ça se voit (rires). Et passer du bon temps avec mes proches c’est toujours génial.