Alors que son club, Denain, a connu une intersaison très difficile, marquée par de graves problèmes financiers, l’équipe de Marc Silvert vit un début de saison critique, avec aucune victoire lors des 5 premières rencontres du championnat. Xavier Gaillou, seul joueur à être resté au club et nouveau capitaine de l’équipe, nous a confié son sentiment sur toute l’agitation autour du club, ainsi que ses objectifs personnels, alors qu’il entame sa deuxième saison dans l’antichambre.
Bonjour Xavier, alors comment s’est passé ce dernier match contre le HTV ?
Pour moi, ça fait trois matchs où l’on est dans le coup, où on est dans le clous au moment d’aborder le money time, et finalement, ça ne tombe pas du bon côté. Donc il est clair que l’on prend un certain coup au moral avec ça. Malgré tout, je sens que l’on est vraiment en progression. On est en place en attaque, mais c’est de l’autre côté du terrain que l’on doit travailler. On est actuellement la plus mauvaise défense de Pro B, ça ne peut pas durer.
5 matchs, 5 défaites. Comment vivez-vous ce début de saison difficile dans l’équipe ? Après une préparation très compliquée, vous vous y attendiez ?
Non, pas forcément. Disons qu’avec un effectif renouvelé à 90%, nous savions qu’il serait normal pour nous de tâtonner. Nous pensions par contre arriver à accrocher deux matchs, ce qui était l’objectif. Mais l’on sait aussi que, en Pro B, le championnat est dense et tout le monde peut battre tout le monde.
Durant cet été compliqué justement, à quel point vous ont touché les difficultés financières du club ?
Forcément, ça a joué dans notre préparation, peut-être inconsciemment. On a juste cherché à ne pas trop y penser. Après, c’est sur qu’il faut être bien dans sa tête pour pouvoir bien jouer, et nous ce n’était pas entièrement notre cas. C’était difficile dans la tête justement, puisque c’était une vraie inconnue concernant l’avenir.
Dans cette « affaire », à titre personnel, tu n’as été qualifié que le 4 octobre, ce qui t’a donc fait louper la première journée de championnat. Que s’est-il passé ? Comment l’as tu ressenti ?
En fait, le coach devait donner une liste de joueurs qui étaient susceptibles de ne pas être qualifiés. Durant la préparation, je me suis blessé à la cuisse, blessure que je ressens d’ailleurs encore à l’heure actuelle. On a donc décidé de me placer sur la liste, c’était une précaution pour ne pas avoir de forfait si jamais la douleur persistait. Avec le recul, je pense que, quelque part, ça a été une bonne chose pour moi, pour mieux récupérer.
Durant l’intersaison, tu as resigné pour 2 ans à Denain. T’attendais-tu à un pareil été ? Tu es en fait le seul joueur de la saison dernière qui est resté dans l’effectif.
Oui, je m’y attendais un peu. En réalité, la saison dernière, pas mal de joueurs de notre effectif ont explosé, et ça leur a ouvert des portes pour la suite, comme par exemple Lamine qui est retourné en Pro A. Donc, parmi ceux que le coach voulait garder, aucun n’était disponible pour rester. Du coup, durant l’été, j’ai essayé de mettre tous les nouveaux à l’aise. En tant que capitaine, c’est mon rôle.
« Continuer à progresser sur le poste de meneur »
Justement, tu as été nommé capitaine cette saison, c’est un rôle qui te convient, que tu connais ?
Oui, ça a toujours été le cas dans les catégories de jeunes, donc c’est pour moi quelque chose d’assez naturel. En plus, cette saison nous avons une équipe très jeune, donc les gars m’écoutent, on fonctionne bien collectivement.
Avant de resigner, tu avais eu d’autres touches ? On parlait de Bourg, par exemple ? Pourquoi être resté à Denain ?
En fait, la touche la plus sérieuse était Aix-Maurienne, qui m’avait fait une proposition pour remplacer Meredis (Houmounou) mais c’était donc en tant que poste 2, ce qui m’a réellement freiné. J’ai longtemps hésité, mais j’ai finalement décidé de ne pas y aller, parce que je voulais continuer à jouer poste 1, à progresser sur ce poste. Concernant Bourg, c’était plus compliqué, il y a eu un contact de Fred Sarre qui me voulait mais les dirigeants n’étaient pas vraiment pour. Il y a eu ensuite la proposition de Denain, où il y avait besoin de répondre vite. J’ai donc préféré assurer plutôt que de m’embarquer dans quelque chose sur lequel je n’avais pas de certitudes.
À Denain, tu es sous les ordre de Marc Silvert, coach reconnu qui a eu des titres chez les filles, par exemple. C’est lui qui t’a fait venir à Denain. Quels sont vos rapports ?
Nous avons une très bonne relation. Il a une réelle confiance en moi et j’ai aussi une grande confiance en lui. L’année dernière, il n’a pas hésité à me confier les rênes de l’équipe, et grâce à lui j’ai beaucoup progressé. En fait, on s’entend bien sur comme en dehors du terrain.
Vous avez cette année une équipe jeune, avec de nombreux joueurs inexpérimentés à l’échelle de la Pro B, qui doivent prouver leur valeur. Penses-tu que c’est un inconvénient pour le groupe ?
Non, je pense que c’est une bonne chose. Tout le monde donne son maximum pour faire son trou en Pro B. J’étais dans ce cas l’année dernière, je devais prouver. Donc finalement, c’est positif, puisque tout le monde a beaucoup d’envie. C’est une source de motivation, les gars s’adaptent progressivement aux exigences de la division. De toute façon, puisque l’on est une équipe jeune, on dispose donc d’une grosse marge de progression.
Le maintien, c’est donc votre unique objectif cette saison ?
Bien sur. L’objectif, c’est le maintien, même si on sait que ça va être difficile. Cela dépend aussi de la décision de la ligue de maintenir ou non les deux défaites de pénalités. Si on est à 0 – 7, c’est très compliqué. Après, je sens que l’on est en train de progresser, donc je pense que la première victoire sera un déclic. La saison est longue, ça va venir. On peut toujours faire une série qui nous permettra d’engranger les victoires.
« Avoir les mêmes responsabilités dans une grosse équipe »
Revenons plus particulièrement à toi. Tu as fréquenté le centre de formation du STB Le Havre, qui a sorti de nombreux joueurs professionnels ces dernières années. Comment se sont passées tes années là-bas ?
En fait, dans ma génération 88/89, on est quasiment tous passés professionnels. C’est une grosse génération, avec Pape Sy, Meredis Houmounou, Romain Duport également auparavant. En plus de ça, on a eu un très bon coach à chaque fois. Après, pour moi, cela a eu des avantages comme des inconvénients. Cela m’a permis de progresser aux côtés de forts joueurs mais, en même temps, cela m’a peut-être empêché de m’exprimer pleinement. J’ai un regret, celui d’avoir dû jouer poste 2 tout au long de ma formation, puisque le poste était « bouché » par beaucoup d’autres bons joueurs. J’ai donc pris du retard dans ma formation au poste de meneur. Mais ça reste une bonne expérience, notamment parce que l’on a gagné des titres.
Après le STB, tu es parti à Saint-Étienne, en Nationale 1, avant de découvrir la Pro B, donc, avec Denain. Tu peux nous expliquer ton parcours ?
À ma sortie du centre de formation, j’ai eu pas mal de touches en Pro B, via mon agent de l’époque, Pascal Lévy, mais rien de concret. En octobre, j’étais toujours sans club. Saint-Étienne, à qui j’avais envoyé des vidéos, m’a rappelé pour participer aux entraînements et à quelques matchs en fonction des blessures, puisqu’ils avaient déjà 5 mutés. J’ai donc passé une année sans jouer ou presque (seulement 5/6 matchs) mais, malgré tout, j’ai beaucoup progressé à l’entraînement, notamment au contact de joueurs comme Benoit Gillet, Andre Harris ou encore Julien Sauret. Je me suis en tout cas prouvé que j’avais le niveau. À la fin de la saison, j’ai donc resigné là bas pour 2 ans, avec le souhait de jouer au poste de meneur. Je n’ai pas été très utilisé au début puis, suite au départ de Jean-Philippe Tailleman, l’entraîneur m’a fait commencer les matchs au poste 3, et j’avais cette fois-ci un gros temps de jeu. Nous avons gagné pas mal de matchs cette année-là, jusqu’à gagner les playoffs. Ce sont ces bonnes performances qui m’ont permis de signer à Denain. En tout cas, cette deuxième année à Saint-Étienne m’a fait du bien, j’ai pu beaucoup progresser sur mon tir (qui était jusque-là une carence dans mon jeu) grâce au travail entrepris avec le coach durant l’année. Je ne regrette pas du tout le passage par la N1, je me suis rendu compte que je n’étais pas prêt pour la Pro B. J’ai pu jouer, avoir des minutes, je préfère avoir fait ça et ne pas avoir perdu de temps.
Et maintenant, te concernant, quels sont les objectifs pour la suite ?
Je suis engagé pour 2 ans, mais je dispose d’une clause après cette saison. Cette année, je dois confirmer ce que j’ai montré lors de la deuxième partie de la saison dernière. Ensuite, j’aimerais valider ça dans une équipe de haut de tableau, c’est vraiment différent d’une équipe qui joue le maintien. Avoir les mêmes responsabilités dans une grosse équipe, prouver à l’étage supérieur, c’est ce que je veux. La Pro A reste un objectif, mais je veux aller en Pro A pour avoir un vrai rôle. David Denave, qui a voulu prouver qu’il pouvait garder le même niveau de performance dans un prétendant à la montée, est un bon exemple pour moi pour la suite. Pourquoi pas, par exemple, monter en Pro A avec l’équipe dans laquelle j’aurais su m’adapter et prouver ma valeur.
La Pro A, ton frère Yannick, la découvre cette année avec Boulazac. C’est aussi un exemple que tu veux suivre, j’imagine ? Comment le ressens-tu ?
C’est vraiment une bonne chose pour lui. Auparavant, il avait eu des opportunités en Pro A, à la suite des grosses saisons qu’il avait fournies en Pro B, mais sans assurance de temps de jeu. Il a préféré privilégier la Pro B pour jouer, et il est allé à Boulazac dans l’espoir de concrétiser ça par une montée. Je trouve que c’est une juste récompense pour l’ensemble de sa carrière, ça lui fait une belle fin de carrière.
Justement, vu ton projet personnel, dans quelle mesure le parcours de ton frère et sa présence influencent-ils ta carrière ?
C’est vrai que c’est le chemin que j’aimerais suivre, même si j’espère pouvoir arriver en Pro A un peu plus tôt que lui dans ma carrière. Tout ce qu’il a accompli en Pro B, c’est aussi un exemple pour moi, et j’aimerais faire de même, voire mieux. Même si on ne joue pas le même poste, il m’a toujours beaucoup conseillé, dès ma sortie du centre de formation, dans mes choix et mes interrogations. Il me donne son avis, surtout pendant l’intersaison, où on se retrouve chaque année. Alors que pendant le championnat, on est chacun de son côté, concentrés sur nos objectifs, sa présence m’aide beaucoup à avancer.
Un mot pour conclure ?
J’espère pouvoir faire mieux dans la suite de la saison que ce que j’ai produit jusqu’à maintenant. Ma blessure commence à me laisser tranquille, donc je veux continuer ma progression, et commencer par gagner quelques matchs pour mon club très rapidement.
Propos recueillis par Benjamin Bonneau