Fraîchement sacré champion de France avec le Limoges CSP, Gaylor Curier (1,97 m, 22 ans) s’est confié pour Catch & Shoot. Entre son passé qui lui a permis de devenir un joueur professionnel, la saison écoulée, le titre, mais également son avenir à Angers, découvrez un peu plus ce jeune joueur déjà doté d’un palmarès impressionnant pour son âge (Championnat de France de Pro A, Match des Champions).
Interview réalisée par Maxime Chouly.
Tout d’abord, peux-tu nous détailler le parcours qui t’a permis d’arriver au Limoges CSP aujourd’hui ?
J’ai commencé le basket à l’âge de deux ans. Mes grands frères m’emmenaient sur les terrains, j’y ai pris goût et me suis inscrit à six ans en club à l’ESM Massy Basket. J’y suis resté jusqu’à ma deuxième année Cadets, en ayant navigué entre championnat départemental et régional, avant de rejoindre le SPO Rouen en Cadets France pour ma dernière année Cadets. La saison suivante, j’ai intégré l’équipe Espoirs de l’Élan Béarnais pour deux ans, avant de finalement arriver à Limoges lors de ma troisième saison Espoirs puis première professionnelle cette année.
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Gaylor Curier avec le n°32 sous le maillot du Limoges CSP (Photo : Seb-G)
Quel entraîneur t’a le plus appris depuis tes débuts ?
L’entraineur le plus marquant de tous, si je ne peux en choisir qu’un seul serait Giannakis. J’ai énormément mûri l’année dernière. Sa constante pression psychologique, son souci du détail et son éthique de travail ne m’ont fait que du bien. Ça a été difficile, mais bénéfique.
Pourquoi Giannakis n’a t-il pas réussi en France selon toi ?
S’il n’a pas réussi en France, c’est peut être que son basket n’était pas assez adapté à la Pro A. Tout changer en si peu de temps était plutôt risqué comme pari, mais ça a été une vraie chance pour moi d’avoir joué pour lui.
Dans le passé, la rivalité entre Pau et Limoges était forte. Toi qui a joué dans les deux clubs, le ressens-tu encore aujourd’hui ? As-tu droit à quelques petites remarques sur ton passé de Palois à Limoges ?
Pau/Limoges, c’est quelque chose ! Évidemment des deux côtés, on m’a un peu charrié, mais ça reste bon enfant. J’ai eu droit à des gens très accueillants à Limoges, derrière leur club avant tout le reste. Où que tu ailles, ce n’est pas important je pense, le principal étant de défendre ses couleurs à fond en entrant sur le terrain.
« Ce prêt est plutôt flatteur dans le sens où je sais que le club veut garder la possibilité de me récupérer »
Quel est ton objectif de carrière ?
Personnellement, j’ai toujours rêvé de NBA. J’ai eu un parcours plutôt atypique jusque là, et j’ai toujours envie d’y croire. Maintenant, mon objectif à court terme c’est bien sûr de jouer un maximum afin de prendre confiance sur le terrain et devenir meilleur.
Une nouvelle aventure va commencer pour toi la saison prochaine. En effet, tu viens d’être prêté par le Limoges CSP à Angers, tout juste promu en Pro B. Cette saison, tu as été barré dans l’effectif professionnel. Cependant, le président Frédéric Forte disait de toi que tu allais exploser l’an prochain, mais que la concurrence risquait d’être encore plus rude. Est-ce que ce prêt apparaît comme la meilleure situation possible pour toi et pour le club limougeaud ?
Cette année, c’était compliqué pour moi par rapport à l’effectif talentueux qu’on avait. Même dans un mauvais jour, un des gars était capable de nous décrocher la victoire. J’ai pas participé à la préparation, sauf pour le dernier match de pré-saison contre Dijon où j’ai joué 11 minutes. Du coup, j’ai eu du mal à trouver ma place au début. Mais j’ai beaucoup appris à leur coté et il est temps pour moi de mettre en exergue ce que j’ai pu apprendre cette année, et ça passe par le temps de jeu. Ce prêt est plutôt flatteur dans le sens où je sais que le club veut garder la possibilité de me récupérer, ça prouve qu’ils croient en moi et me font confiance. Et si je dois revenir, que ce soit derrière Nobel ou à ses cotés au poste 2, toute association avec un énorme joueur me plait et ne peut que me tirer vers le haut. Le prêt, c’est je pense la solution la plus adaptée pour les deux parties.
Pourquoi avoir choisi Angers ? Qu’est-ce que Vincent Lavandier attend de toi la saison prochaine ?
Nous avons joué contre Angers en coupe de France cette saison, et ça a été le match où j’ai pu le plus m’exprimer, « grâce » aux absents. J’étais intrigué parce qu’ils développaient un niveau de jeu impressionnant avec pas mal de jeunes dans leur équipe. Par la suite, je me suis penché sur leurs résultats, et après leur montée, l’intérêt qu’ils m’ont porté m’a tout de suite attiré. L’impact que les jeunes ont dans cette équipe est conséquent, et je pense que c’est parfait pour moi. Je ne connais pas énormément la Pro B mais du peu que j’ai vu c’est un championnat dense, athlétique et vraiment compétitif. Vincent Lavandier m’a téléphoné, il est de ceux qui sont prêts à donner des responsabilités au mérite et ça m’a plu. Je suis impatient de commencer le travail et de jouer en Pro B.
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Gaylor Curier (Photo : Seb-G)
Concernant la saison du CSP, comment expliques-tu que Limoges soit passé d’une irrégularité complète en saison régulière à un statut de rouleau compresseur en playoffs ?
Durant la saison, chacun de nous avait, en plus des objectifs collectifs, un objectif individuel. La quasi totalité des joueurs ont été avant des joueurs majeurs ou des stars dans leurs équipes. En voulant bien faire, on a de temps en temps tenté des exploits individuels et ça n’a pas été la bonne solution. L’arrivée de Johan (NDLR : Petro) a été bénéfique. Avant les playoffs, on a fait une réunion, chacun a mis ses objectifs personnels de côté, en décidant d’être plus présent pour son coéquipier et que cette fois la seule chose qui comptait était le titre et rien d’autre. En jouant comme ça, c’était difficile de nous battre.
Avant de dominer Strasbourg en finale 3-0, vous avez du batailler en 5 manches face à Dijon, est-ce que cette confrontation face au meilleur coach et à la meilleure défense de Pro A a été un facteur déterminant lors de votre victoire en finale ?
Dijon nous a posés problème, vraiment, et je pense que cette demi-finale a été la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Leur dureté, leur mental et leur folie nous ont bousculés. On l’a prise comme une leçon et ça a fonctionné.
« Des souvenirs gravés à vie »
Toi qui l’a vécu de l’intérieur, l’ambiance était-elle vraiment spéciale dans l’équipe cette année ?
Dans les vestiaires, j’ai pu lire avec mes coéquipiers des tas d’articles parlant d’une ambiance douteuse. On se faisait passer les téléphones avec les articles dessus et à la fin, on en riait. Dans chaque groupe, à l’entrainement, il y a des tensions, c’est une bonne chose pour avancer. Mais en dehors de ça, on se voyait en dehors de la salle et on a vraiment passé une superbe année ensemble.
Est-ce que pour toi ce fut plus intéressant de gagner ce titre avec un faible temps de jeu ou est-ce qu’avoir plus de responsabilités dans une équipe qui ne joue pas le titre n’est pas mieux pour un jeune joueur comme toi ?
S’il y a quelque chose que je peux souhaiter à tout jeune basketteur, c’est de vivre ce que j’ai vécu. Évidemment, j’aurais aimé être un peu plus acteur de cette belle victoire, mais ça n’a en rien gâché l’expérience que j’ai acquise et les souvenirs gravés à vie. Des joueurs courent toute leur carrière après un titre, mon équipe le décroche, et ça lors de ma première année pro, c’est juste magnifique !
Ton frère organise le Massy All-Star cette année. Peux-tu nous parler de cet évènement ?
Mon frère, Funch Curier, organise le samedi 5 juillet à partir de 14h à la Hall Des Sports Pierre de Coubertin à Massy la première édition du MASSY ALL-STAR. Il s’agit de rendre hommage aux réussites du club en donnant un exemple aux plus jeunes auxquels ils puissent s’identifier et croire en leurs propres chances de succès. Moussa Badiane, Pape Sy, Xavier Gaillou, Fabien Paschal entre autres ont joué à Massy. Les faire revenir lors de cet évènement est une fierté. C’est un vrai show gratuit pour tous, il y aura de la danse, du street workout, concours de dunks, de 3 points, etc. J’y participerai pour le match de gala opposant mon équipe, la Team Massy, à la Team Prestige.
Pour terminer, as-tu un message pour les supporters limougeauds et angevins ?
Les supporters limougeauds, merci pour cette saison d’avoir chanté même lors des défaites, vous êtes LE sixième homme de l’équipe, et ce trophée vous l’avez amplement mérités. En espérant vous voir toujours aussi fervents pour la tant attendue Euroleague ! Et pour les supporters d’Angers, j’ai hâte de commencer et vous entendre nous soutenir à Jean Bouin.