Au soir de la défaite des ses troupes contre Le Mans SB, Pascal Donnadieu est revenu sur la rencontre en conférence de presse. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la défaite, si elle reste logique pour le coach de la JSF, est loin d’avoir rassuré celui-ci quant à l’avenir de son équipe dans la quête du maintien.
On a presque envie de dire « un Nanterre – Le Mans dans la pure tradition ». Un match âprement disputé et c’est Le Mans qui gagne à la fin.
Oui. C’est ça. Comme j’ai eu l’occasion de le dire dans le vestiaire, déjà la victoire du Mans est méritée, parce qu’ils ont démontré plus de maturité et d’expérience, et plus de constance sur la durée du match. Nous, aujourd’hui, notre problème c’est que j’ai l’impression que l’on se bat de façon désordonnée, et on a trop de temps faibles. On n’est pas assez régulier sur la durée du match. Contre une équipe comme Le Mans ça donne le match que l’on a vu ce soir : un bon départ, un trou un moment, on prend 2-3 fois du retard, on revient sur l’énergie, sur l’envie ; mais, globalement, j’ai eu le sentiment, même si on peut gagner le match parce que, sur la fin, il y a faute – 2 lancers francs, et si on ne fait pas cette faute peut-être que… on ne sait pas. Mais c’est désordonné, on ne sent pas, comme on le sentait l’année dernière, cette maîtrise collective.
Est-ce que, comme Xavier l’a dit, l’équipe n’y a pas assez cru ?
Je pense que c’est important d’avoir un projet collectif. Ça veut dire se battre ensemble, au même moment, pour les mêmes objectifs, et nous on se bat de manière désordonnée, des deux côtés du terrain, avec tout ce que ça peut comporter. De temps en temps on met beaucoup d’énergie à revenir mais on laisse des forces. On avait bien commencé le match en ciblant leurs points faibles et puis tout d’un coup on oublie qu’il faut les cibler là-dessus et on part dans le désordre. Ça leur permet de reprendre confiance. On perd trop souvent le fil du match et on fait trop d’erreurs. Je pense que, j’ai eu l’occasion de lui dire donc je le dit d’autant plus, comment peut-on envisager de faire une faute comme celle de Jo Passave à la fin du troisième quart-temps ? Comment c’est possible ? C’est hallucinant ! Quel est son objectif ? Je lui ai dit dans le vestiaire. Il reste 3 secondes, on est dans la pénalité, ils sont au milieu du terrain, mais c’est quoi son objectif ? Il se jette sur le mec comme un malade ! Et Jo, sur cette action, il est à l’image de notre équipe : très généreux, bagarreur quand il faut, mais… Au niveau où joue Le Mans, il n’y a pas de part pour l’improvisation. Ce soir ils n’ont peut-être pas été fameux mais ils ont su se recadrer, il y a une maturité, ils dégagent quelque chose, une sérénité. Même si ce soir, en les bousculant vraiment, ils ont perdu 2-3 ballons, mais nous ont fait des cadeaux. C’est un cadeau du ciel, 3 secondes à jouer, le mec au milieu du terrain et on a notre intérieur qui sort comme un malade. Ce ne sont pas les consignes, ce n’est pas ce qu’il faut faire… quel est l’objectif ? On ne peut pas. Ce n’est pas conciliable avec une approche de ce qu’on doit faire quand on joue… on est déjà moins fort, ce n’est pas méchant mais, Le Mans ou quand on va jouer Chalon, on est moins fort qu’eux sur le papier. Donc on se doit d’être très rigoureux, très discipliné et d’avoir beaucoup d’envie. On met de l’envie par moment, de manière désordonnée ; rigueur : pas suffisamment ; discipline : encore moins. C’est ce que je leur ai dit. Généralement quand ils font une erreur c’est tout juste si ce n’est pas eux qui ne vont pas être content. C’est un vrai problème ça.
C’est vrai qu’en fin de match on l’a énormément senti, en attaque c’était encore plus criant, même si c’était vrai aussi en défense, sur 5-6 actions d’affilée c’est solution individuelle, chacun son tour, je prends la balle et je tente tout seul.
Oui. Enfin moi je décompose l’avant 2-3 dernières minutes, je parle de l’attaque, là où, vous avez raison, on fait n’importe quoi. Lighty perd deux balles, on joue de manière catastrophique. Après, sur la fin de match, par rapport aux options sur le système qui était demandé, ils ont plutôt bien respecté. D’ailleurs on a mis des tirs à 3 points sur les systèmes que l’on met en place. Mais ce n’est pas suffisant.
D’autant qu’en début de match on a vu un jeu très discipliné, où on donne la balle à l’intérieur, soit sur Jo, soit sur Chris Massie, les deux enfoncent Batista sur des moves très simples et en deuxième mi-temps on ne la quasiment pas vu. C’est vrai que Batista s’est bien adapté en défense aussi, mais on a même pas vu de tentative de jouer comme ça.
Oui, et ce n’est pas faute de leur dire. C’est ça qui est frustrant. Bon après il y aussi les intérieurs qui perdent un peu de fraîcheur, parce que eux il y a Batista, y’a Dounia Issa, y’a Koffi, quand vous vous tapez les trois, et je ne parle pas de Victor Cuthbert qui est quand même un très bon joueur, je pense qu’à la décharge de mes joueurs Le Mans c’est un rouleau compresseur. Ce que JD a dit tout à l’heure : Kahudi il a ce soir, des fois on ne le souligne pas, il fait 10 points on n’a pas l’impression qu’il a tout éclaté, sauf qu’il a stoppé, il a mis de la densité, il a mis un 3 points important, c’est normal il est en équipe de France, mais j’ai trouvé une grosse maturité de son équipe ; El-Amin a une énorme maturité, c’est normal au vu du CV du joueur. C’est sûr que, et Dieu sait que je l’aime bien parce que je trouve qu’il a beaucoup de qualités, le petit Kahudi, quand il est rentré, il était en panique, JD a dû vite le sortir. C’est sûr que j’ai beaucoup de respect pour mes joueurs mais il y a des joueurs qui ont vécu l’Euroleague, le machin… sur un match comme ce soir ça se sent. C’est pour ça que nous, sans un véritable gros projet collectif et une grosse rigueur, il se passe ce qui s’est passé ce soir. On se dit qu’on n’a pas été loin, mais si on gagne ce soir c’est un vrai hold-up.
Ce problème de projet collectif, est-ce que c’est dû à la profondeur de ton banc, parce que tout le monde ne se sent pas impliqué en ayant pas assez de temps de jeu, même si tout le monde joue ?
Peut-être, mais pas sur tous les postes. Peut-être sur les postes extérieurs. Maintenant ce soir c’était bien que j’ai pas mal de rotations à l’extérieur parce que j’ai eu du mal à en trouver deux. On a péché énormément ce soir sur les postes 2 et 3, faut pas se le cacher. On a été en souffrance sur ces postes-là.
Cam Long qui shoote 16 lancers, vous n’avez pas réussi à l’arrêter ?
Non, non, non. Ce qui a été difficile à un moment c’est que, bon ben là je ne l’accable pas, vu la prestation d’un garçon comme David Lighty ce soir, c’est difficile. Après, quand on joue Le Mans, ce qui est difficile c’est qu’ils ont des athlètes et qu’il faut tenir Pape Sy, faut tenir Kahudi, faut tenir Cam Long… et nous, de l’autre côté du terrain, on cherchait un peu d’adresse sur le tir extérieur, pour que l’on ait un jeu plus au large, pour justement pouvoir donner la balle a des garçons comme Massie ou Passave, on était un peu dans une énigme. Il aurait fallu qu’on fasse comme au hand : qu’on soit en capacité de mettre une équipe pour défendre et une équipe pour attaquer, mais ce n’est pas possible. On n’a pas, je suis d’ailleurs surpris en regardant la feuille de stats, ça doit être parce que l’on met quelques tirs à 3 points à la fin, eu une grosse adresse à l’extérieur.
Comment vois-tu la suite, par rapport à ce problème de projet de jeu ?
On se doit d’être inquiet par rapport au fait que le championnat est très dense, on le voit à travers les résultats. Quand JD parle de Leader’s Cup, il est bien gentil mais si ça pouvait être vrai et si on pouvait batailler, ça voudrait dire qu’on est en route pour le maintien. Moi je n’en suis pas là, ce qui me fait peur aussi c’est l’échéance du calendrier. Là, pour se retaper au mois de décembre, c’est pour ça que je rageais qu’on est perdu la semaine dernière. Parce que là au va à Orléans, on reçoit Chalon, on va à Cholet et à Strasbourg et on reçoit Gravelines. Je ne sais pas où on va aller chercher un des cinq derniers matchs. Ce sont des gros adversaires, c’est là qu’il va falloir que l’on trouve une équipe dans les moments difficiles, peut-être qu’on va arriver à la trêve sans avoir gagné un match. Après le calendrier en janvier sera mieux pour nous, il faut s’accrocher. C’est pour ça que l’on ne peut pas cracher sur espérer taper Le Mans ce soir, parce que dans 15 jours il faudra espérer battre Chalon, faudra essayer de battre Gravelines chez nous et pis voilà… On ne peut pas ne pas se donner les moyens d’essayer de taper Le Mans, aussi fort que soit Le Mans, le fait qu’il soit premier. On est dans une situation où on ne peut pas se dire, c’est peut-être ce qu’a voulu dire Xavier (Corosine, voir sa réaction) « bon ben c’est Le Mans, 6 points, on a failli gagner… ». Non. Non, parce que le championnat ne nous le permet pas. Ce n’est pas comme l’année dernière où on avait déjà Hyères-Toulon qui avait les deux pieds dans la tombe et des équipes bien malades. Cette année il n’y a pas d’équipe malade, il y a 0 équipe malade. Tout le monde peut m’expliquer tout ce qu’on veut, aujourd’hui, moi, je suis inquiet, comme je le suis depuis la première journée, sur le fait qu’il faut que l’on mette deux équipes derrière nous. C’est ma seule priorité. Et comme je l’ai toujours dit, si on met deux équipes derrière nous, forcément on ne sera pas très loin des playoffs, parce que ça va être un championnat tellement dense que tout va être possible.
Marco Pellin en faisait justement la remarque en disant qu’Orléans, qui est dernier, avant cette journée, n’est qu’à deux victoires du septième…
Mais aujourd’hui il n’y a pas… quand on voit Roanne, je peux vous dire que Roanne ils ont une équipe, ils ont des joueurs, ils sont bien coachés… ils nous ont mis 30 points, on n’a pas existé ! Quand ils ont joué au Mans, franchement, contrairement à ce soir, ils auraient dû gagner. Ils ont mieux joué que Le Mans, au Mans. Ils prennent un tir de Cuthbert… Or, aujourd’hui, c’est une équipe qui est en difficulté mathématiquement. Ce n’est pas de la fausse modestie, Roanne c’est beaucoup plus fort que Nanterre. Donc, comment je peux ne pas être inquiet ce soir ? En sachant que Roanne a du mal à s’en sortir. Et je dis Roanne, mais je dis Orléans, vous avez vu l’équipe d’Orléans ? C’est Pellin, c’est très fort, c’est très complet. C’est un championnat de fou. Donc, à chaque match il faut tout donner, il faudra que des équipes comme nous fassent des coups, ça pouvait être ce soir, on ne s’est pas forcément complètement donné les moyens, même si on n’a pas à rougir de la défaite. C’est pour ça que je vous dit, je reviens à ce que je disais au début, là ça va être des équipes qui vont avoir des vertus morales tellement énormes, dans ce championnat si dur, je ne pense pas qu’en haut ça soit plus fort que les autres années, ce soir on ne se sent pas complètement surclassé par Le Mans, et pourtant j’ai beaucoup de respect pour cette équipe, on a battu Villeurbanne, on a gagné au Paris-Levallois… Quelque part je préférerais qu’il y ait deux-trois équipes que l’on se dise « on ne peut pas les joueur » et qu’il y en est deux-trois pour lesquelles je puisse me dire « bon ben normalement, si on fait les efforts, ça va le faire ». Ce n’est pas le cas, c’est ça qui me rend inquiet.